¡ Pura vida si !

Normalement, lorsque je prépare un voyage, cela répond bien souvent à un besoin vif de combler une urgente soif de moi-même.  La préparation est là, peut-être un peu trop bafouée –mon sac n’aurait jamais dû peser plus de 40 livres seule dans les Rocheuses, me dis-je encore. Souvent, peut-être par une propension altruiste dont j’apprends à me méfier (tout a son revers), je calfeutre bien loin ce besoin jusqu’à ce qu’il clame son urgence et sa nécessité.  J’ai assez voyagé depuis la dernière année pour dire que j’ai un brin apaisé ce désir.  Mais voilà, je suis confrontée actuellement à revivre profondément la tristesse de ne pas réaliser ces rêves en famille.  Je n’ai pas envie d’épancher ce pan de ma vie ici.  D’abord, parce que je fais attention afin que cet espace demeure une fenêtre sur la réalité du bonheur de voyager,  ou disons de poser son regard différemment sur les choses, et non sur celle d’une mère monoparentale.  Selon moi, il y a suffisamment et abondamment de blogues qui traitent de cette autre réalité.  Ensuite, parce que même sans enfant, j’aurais écouté ce besoin d’écriture criard qui tend à aller vers l’autre et ce blogue aurait tout de même pris naissance.  Il aurait été tout autre, alimenté beaucoup plus fréquemment, crû beaucoup plus rapidement sans doute. (Ainsi, à ceux qui m’ont reproché mon manque d’assiduité, merci d’être indulgents … je ne listerais pas le pourquoi du comment ici, vous êtes tous en mesure d’imaginer (ou d’essayer de vous projeter) de ce qu’implique être seule avec un bébé depuis un bon moment.)

Ainsi donc, je suis constamment confronté à cette réalité, ma réalité, qui fait que mes désirs de conquête se réalisent sous un tout autre rythme.  En regard et en respect de celui de ma rouquine aussi.  Ce qui fait que la préparation d’un projet est beaucoup plus laborieuse.  Alors que j’aime me doter d’une attitude légère et spontanée, tout en étant responsable, consciente et les sens en alerte lorsque je voyage, je suis présentement confrontée à des valeurs différentes.  Des peurs aussi.  Et tristement, c’est certainement ça qui rend le tout beaucoup plus complexe.  Lourd alors que cela ne le devrait pas …  On a assez à avancer avec nos propres peurs dans la vie. Je ne crois pas qu’on devrait subir celles d’autrui.  Ni à constamment justifier ce qui nous habite et ce que nous sommes.  Néanmoins, il y aura toujours des gens prêts à nous faire douter pour en tirer avantage… Ainsi, à moi encore une fois d’apprendre à m’en protéger… fin de l’aparté 😉

Il n’en demeure que les voyages en famille se font différemment.  Et que la préparation se passe constamment en fonction des besoins d’autrui.  Préparer un sac-à-dos avec un enfant est tout autre. Je ne vous ferais pas l’inventaire de ce qu’il y a dans mon sac, ne vous inquiétez pas, la plupart (trop) de blogues le font déjà.  Seulement tenter de vous partager quelques petites réalités. Pensez à un Backpacker qui part un mois dans n’importe quel pays.  Il peut certainement tolérer ces vieux jeans sales et humides quelques heures après avoir passé sous une averse.  Un enfant, quelques minutes dans des vêtements humides ? C’est impensable.

Aussi, les élans et les envies doivent constamment se faire en regard de la réalité des besoins d’autrui.  L’itinéraire absolument léger et judicieusement adapté. Déjà partir en faisant le deuil qu’on ne pourra pas tout voir ce qu’on souhaiterait voir  (mais n’est-ce pas de toute façon ça la vie ?), que nous allons devoir nous freiner, ralentir, nous adapter.  L’enfant est là qui ajuste notre rythme et modifie nos choix.  Elle est peut-être là cette nuance qui se trouve à même la manière de poser le regard sur les situations : un enfant ne limite pas, il module et altère nos choix.  Et ça, si j’avais saisi cette notion beaucoup plus jeune, peut-être aurais-je déjà une petite gang de marmots qui me suivrait un peu partout…

Ainsi, pas plus dans la manière que dans le pourquoi.  Mes choix de voyage se sont auparavant réalisés de manière intuitive.  Cette fois-ci, elle l’est tout autant, mais a un but : plaire à Roukie.  M’écouter, profondément en ne pensant qu’à moi, je serais dans une villa italienne à boire du vin et m’empiffrer avec un amoureux … ça viendra.   Pour le moment, j’ai envie de vivre auprès de ma fille quelque chose qui, je sais, mettra de l’avant toute sa capacité d’émerveillement.

Et, à plusieurs qui me rétorquent déjà qu’elle ne s’en souviendra pas, j’abonde de manière bien mitigé en leur sens.   Non, elle ne s’en souviendra pas.  Elle se souviendra néanmoins du mouvement que j’aurais tenté d’inscrire et d’initier en elle.  Peut-être maladroitement ou en me trompant, comme tous les parents le font, mais avec tout autant d’amour et de sincérité au travers de ce que je désire lui inculquer, et ce, en me faisant confiance.  Les besoins et notions actuelles de sécurité et d’éducation sont mis de l’avant selon moi pour rendre une société fonctionnelle dont je ne me gênerais jamais pour remettre en question les rouages ! (Ça ne veut pas dire que je suis contre ou que je n’y crois pas; je ne suis pas une personne de mauvaise foi …) Néanmoins, j’aime les gens qui osent.  Et ceux qui se remettent en question. En prenant le risque de se tromper 😉

Ainsi, ma décision est prise !

J’ai trop envie de partager auprès de ma fille un brin d’exotisme, de mer et pourquoi pas un tantinet de jungle ! J’ai longuement jonglé avec plusieurs destinations possibles.  Celle qui m’apparaît la plus sécuritaire tout en mettant de l’avant un peu d’exotisme, se situe en Amérique Latine (ne venez pas me rétorquer que la Thaïlande aurait été mieux, la Thaïlande ne m’attire présentement en rien).  Je suis bien consciente que tout se passera bien différemment ; que ce mois en compagnie de ma fille sera tant fait en regard de sa personnalité et de ses besoins et que je passerai à côté de bien des choses.  Et c’est peut-être ça, totalement s’assumer.  Car je sais déjà, que lors de notre retour, aucune trace d’amertume ne sera dans mon cœur pour avoir changé le rythme et ma manière d’envisager la route.  Qu’à ce moment-là, je serais fière d’une seule chose : avoir respecté profondément mon coeur de mère, au-delà de l’opinion de certains.

Pura vida si Roukie… ¡ El Costa Rica nos espera 😉 !

**

Mise à jour : Question débat et croyances lorsqu’on croit prétendre savoir ce qui est mieux ou non pour nos enfants, ou encore le moment de les concevoir, Marie Larocque en mène tout un ! À lire, absolument d’actualités ! J’adore !

 

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10 commentaires pour ¡ Pura vida si !

  1. Elle est chanceuse, ta Roukie!
    Elle aussi a dû pousser un grand soupir et faire « Ouf! je suis tombée sur la bonne maman! »
    ;-))

  2. Mawoui dit :

    Oh ! Love it !

    Tu me fais réaliser … je mets illico une mise à jour important à mon texte. Le débat que tu mènes de front m’as certainement inspiré 😉 !!

  3. Quelquepart dit :

    Moi j’y crois à ce mouvement qu’on instille et inscrit en nos enfants. De mes 2 enfants, celle qui est la plus rêveuse, la plus poète est celle avec qui j’ai le plus voyagé. Et malgré les risques qu’on a pris et les passants qui nous ont dit (dans ma ville natale, Québec où j’étais touriste) que mon enfant n’était pas habillée suffisamment pour l’hiver, et les doutes, elle a survécu, et a grandi belle et extraordinaire. Et même si après, tu choisis de montrer la sédentarité à tes enfants, la constance et la beauté de l’engagement, parce qu’à ce moment c’est ce que tu ressens, ce qui compte c’est de s’écouter, de laisser de côté toutes ces grandes théories, d’être toi et de montrer à tes enfants que tu les aimes tout en leur donnant des chances de vibrer, de voir la vie, de prendre des risques, de goûter, de sentir et de grandir dans un environnement qui est unique. Bravo! Disfruta Costa Rica! Y escribe….

    • Mawoui dit :

      Ça fait donc du bien de lire ce beau commentaire … et effectivement, on sera toujours aux yeux de certains trop ou pas assez. Merci 😉

  4. Greg PAQ dit :

    Mawoui, dans ce commentaire amical, ne cherche pas de lien direct avec ton texte. J’ai lu celui-ci et j’ai eu envie de t’écrire cela. Ne vois pas, ne cherche pas S.T.P de message sous-jaccent. Il n’y en a pas!

    Si je devais te décrire, je dirai que tu es une personne qui marches, soit de manière intuitive, soit par coup de coeur. Je continuerai par dire, que tu te poses bien trop de questions existentielles par moment. Je dirai aussi, que tu as une profondeur incommensurable et rare. Parfois, j’ai l’impression que tu es de toutes les batailles. Comme j’ai aussi le sentiment que tu te sous-estimes et je n’y vois pas de raison. Je trouve admirable que tu trouves toujours autant l’énergie pour écrire.

    Ce n’est pas un commentaire étrange ni un délire. C’est juste un miroir de l’autre côté de l’Atlantique. Je te lis depuis longtemps. J’ai eu envie de te donner un retour non demandé.

  5. Écriture, quand tu nous tiens…

    Bref, ton sac sûrement peut-être moins lourd d’un bireron qui trône dans notre frigo. Vestige de ton passage chez nous. Sans oublier la petite table d’osier, toujours en attente d’une soirée près du feu, pour ne pas dire « dans » le feu!

  6. Très beau récit sur ce pays qui me rappelle mon passage là bas il y a maintenant 3 ans. J’avais adoré l’ensemble et plus particulièrement Cahuita….

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