Premier été entièrement passé à Montréal depuis de nombreuses années. Et voilà, déjà septembre.
Aucune escapade pour apaiser la soif d’ailleurs.
Rien. Niet. Nada.
Isch … !
Un besoin ou une nécessité de m’ancrer dans cette ville où un peu malgré moi j’y ai pris racines pour plusieurs mois. Mettre de l’avant de nouveaux projets qui me tiennent à coeur et qui ont toujours comme angle principal cette soif d’ailleurs et de l’autre. Comme une envie folâtre de tour du monde … un brin autrement.
Restons-nous toujours nomade dans le cœur malgré tout ? Oui, je le crois. Que le désir vif d’ailleurs me rattrapera dans un détour, bien souvent alors que je ne m’y attendrai pas. Les livres et l’imaginaire ne suffisent parfois pas. Néanmoins, comme un besoin de me poser pour reprendre mon souffle. Parfois, le voyageur doit savoir faire le tour de lui-même pour paraphraser le Mahatma Gandhi.
*
Cet été, je n’ai pas parcouru le monde à me trouver et me perdre comme j’aime intensément. Pas même le Québec que j’aime tant. Ni folle aventure, ni rencontre, ni découverte. Une pause. Longue pause emplie de silences, de rosiers, de carillons d’églises, de rires d’enfants, de colimaçons et de chenilles. De bruit des mots que j’ai eu envie de garder pour moi. Je me suis contentée à demeurer là, à les écouter. Sinon, à réaliser maints et maints allers-retours de ruelles… Surtout, apprivoiser celle qui est derrière mon nouveau chez moi.
Une ruelle qui m’a plût. Immédiatement. Peut-être un peu trop proprette, trop organisée par rapport à toutes ces autres ruelles que j’ai aimé dans leurs fouillis, avec leurs folles mauvaises herbes, leurs vêtements délavés suspendus sur les cordes sans gêne, leurs voix qui s’élèvent un peu trop fortement emplies d’incompréhensions, de certitudes ou de peine.
Peut-être que cette ruelle évoque malgré tout dans son essence même ces nombreuses balades tardives de ma vingtaine. Les ruelles montréalaises sont si belles la nuit.
Une nostalgie comme un repère.
Ainsi, la nuit, j’y cherchais le silence et la lune trop de bleue. Le jour, je humais l’odeur des potagers, épiant négligemment ces intimités autres, coquine et fureteuse sans trop vraiment savoir quoi y chercher.
Cet été, la vie m’a aussi apporté avec cette ruelle, un grand brin de cour. Un grand brin de cour pour poser mes pénates et y retourner comme l’animal blessé cherche un refuge. Grand brin de cour montréalais pour voir s’épanouir ma fille et jouer dans la terre. Mais surtout, une dense et fleurie ruelle où les histoires d’amours pullulent et les contes fleurissent. Où dansent les nains et les fées lors des nuits trop de bleue. Une ruelle à parcourir, comme une histoire à inventer, un livre à écrire. Inépuisable en petits bonheurs à créer pour âmes rêveuses, trop vagabondes, qui doivent, du moins pour un moment, ralentir le pas et s’arrêter.
Quel bonheur de te lire ! Nostalgie, fraîcheur, bouts de vie, moments de pause, pour raisonner, résonner, se recaler pour mieux repartir. J’espère qu’on se reverra bientôt.
😉
Bises xox
Cette pause t’a-telle donné le recul nécessaire pour vivre une autre vie ? ou ce n’est que la continuité de ton voyage … !?
Quelles sont tes projets alors !? Un tour du monde !?
Nope ! Pas de tour du monde pour moi, quoique j’aurais bien aimé il y a quelques années … Besoin de m’arrêter avec le « Terrible Two » assez exigeant de ma fille et de mettre de l’avant des projets d’écriture dont un assez exigeant (et même une conférence semble-t-il 😉 ) Je devrai me contenter d’escapades de quelques jours et d’un peu de guidage aux États-Unis pour quelques mois …
Ah les ruelles, rêveuses, trotteuses, aventurières! Tu verras, tu y vivras plein d’autres histoires!
T’inquiètes ! J’y compte bien 😉
Je ralentis le pas, mais je compenserais certainement avec quelques escapades ici et là … 😉
Certains voyages s’accompagnent d’une envie de « soi ». Cet été je suis partie loin, et je suis rentrée avec l’envie très forte de connaitre ma région, mon pays avant de repartir.
Je suis en tout cas ravie de retrouver quelques lignes de toi, toujours aussi empreinte de poésie et d’évasion.
Merci Tiphanya,
Effectivement, certains voyages s’accompagnent d’une envie de « soi », tu le dis très bien. Pour moi, il en est toujours ainsi, amalgame de fuite, d’envie furieuse de soi pour mieux aller à la rencontre de l’autre. Dis-moi, de quel région française es-tu exactement ?
Tombée sur cette phrase lumineuse de Bobin cette semaine qui m’aidera sans doute à traverser la grisaille d’un novembre québécois :
« Le bout du monde et le fond du jardin contiennent la même quantité de merveilles. » Christian Bobin
Je vis actuellement en région parisienne, mais vient du Loiret. Le vert me manque, ainsi que le bruit des oiseaux lorsque le soleil se lève.
J’aime beaucoup cette phrase, tellement pleine de bon sens.