Entre terre et mer

Suite au premier été de Roukie à la campagne, nous sommes parties trois semaines effectuer un tour de la péninsule gaspésienne.  J’ai d’ailleurs écrit il y a quelques mois un billet sur cette petite aventure en camping avec bébé.  Un an plus tard, je m’apprête à aller passer à nouveau quelques jours à la campagne, jouer dans la terre, et retourner m’abreuver d’air salin en Haute-Gaspésie.  Quelques jours à nouveau en camping à tenter de me reposer légèrement (avec Roukie qui maintenant court … ouf !) avant de préparer concrètement notre prochain gros voyage pour l’automne !

Entre la photographie, que je souhaite davantage approfondir, la rédaction d’articles, mes prochaines collaborations (et oui !), mon guidage aux États-Unis, l’élaboration d’un projet au Pérou en 2012, des idées d’écriture qui ne cessent de s’accumuler sur ma « to do list » ainsi que mon statut de maman à temps plein, je cours avec évidence après mon temps.

J’apprends donc à m’organiser (ce qui est loin d’être suffisant, mais qui est parfois bien rigolo pour une fille assez tête-en-l’air), à utiliser stratégiquement chaque moment de sieste de la petite pour me mettre à jour dans les papiers, les comptes, l’écriture, le boulot, etc. Le danger est tout de même là, j’en ai fort conscience.  À force de vouloir tout réaliser ainsi et de ne pas être accompagnée dans mon quotidien le risque d’épuisement est parfois tout près. Je n’exagère même pas : cette période dans l’évolution d’un enfant (18 mois) est plus qu’exigeante et disons-le, le tempérament excessivement curieux, téméraire et à la « Indiana Flore » de ma fille n’aide en rien. Ainsi, je serre à fond le budget et je crois bien que nous irons planter notre tente quelques jours sans bouger.  Je rêve de retourner dans les Chics-Chocs, mais connaissant mon tempérament, il est clair que m’y rendre serait m’exposer au vif désir de quelques randonnées que je ne suis peut-être pas présentement en mesure de réaliser.  Je dois faire le plein en préparation d’un autre automne sur la route.  Les limites me frustrent, celles de l’esprit et du cœur bien davantage que celles du corps, je crois.  Néanmoins, celles-là se présentent comme de petits signaux clignotants au loin qu’il faut savoir écouter.

Donc quelques jours prochains où je tire la « plogue » et où le gros rush de ma journée sera de trouver du lait frais pour poulette au dépanneur du village (finalement, l’allaitement et le lait en poudre avaient nettement leurs avantages en camping…!)

Roukie contemple la merÀ l’aube de ce petit départ, je nous revois l’année dernière nous arrêter fréquemment pour humer la mer et la contempler.  Marcher longuement sur les plages rocailleuses et faire les provisions d’air salin. Trier les coquillages.  Penser à tout et à rien.  Trouver pour chaque réponse une nouvelle question.

Je pouvais déposer Roukie sur une plage de galets et marcher seule longuement non loin tandis qu’elle observait amoureusement la mer.

J’ai soudain ce souvenir qui me traverse pour me rappeler à ces grands et rares moments d’émotions que la vie nous offre parfois fortuitement.  Au terme de mon aventure de trois semaines en Gaspésie seule avec ma fille, je pleurais doucement dans la tente au petit matin.  C’est là qu’elle choisi de m’offrir son premier mot en guise de premier je t’aime.  Un mot qu’elle murmure depuis, et qui va comme la vague qui part et revient.

Maman.

 

À lire aussi : Prélude, Un été à la campagne 1, 2 et 3, Un petit tour de Gaspésie

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10 commentaires pour Entre terre et mer

  1. Quelquepart dit :

    Des larmes me sont montées au yeux, pour ces petits moments de bonheur avec ta petite que tu décris et qui me rappellent d’autres moments du même genre alors que les miens étaient dans cette si belle période du 6 mois à 3 ans. Aussi un peu à cause de l’envie de cette liberté et cette facilité que tu as de créer ton propre chemin,de suivre le courant à ton rythme, alors que moi je passais une journée où j’avais particulièrement l’impression d’être coincée dans un tourbillon que je ne contrôlais pas du tout…

  2. Mawoui dit :

    Ouf … tu me fais réaliser que je démontre et met de l’avant la facette bien facile de tout cela …
    Néanmoins, il y en a une toute autre, que je porte en moi comme une blessure. Peut-être que je ne la démontre pas parce que l’autre est excessivement déchirante et que je tiens à garder cela pour moi.
    J’aime beaucoup cette idée de suivre le courant à mon rythme… ça me fait penser à cette phrase de je ne sais plus qui qui fût longtemps sur un post-it près de mon bureau « Suis le courant car le courant sait où aller ». Si simple et si vrai 🙂
    Je crois que je comprends tout de même un peu (sinon pas mal 🙂 ) cette sensation d’être coincée dans un tourbillon qu’on ne contrôle pas… et je crois que c’est ce que je ne veux plus. Ne pas me sentir maître de ma destinée, mais bien faire des choix par « obligation » / « sacrifice ». Néanmoins, je sais bien qu’il y aura un moment où les besoins de ma fille prendront le pas en avant… ouf, alors je devrai faire terriblement usage de créativité et me faire confiance (surtout faire la sourde d’oreille à certains propos) pour concilier tout ça.

    Ça me touche beaucoup que cela t’a touché. Et que tu aies pu te remémorer certains instants de bonheur simple et véritable avec tes enfants.

  3. Quelquepart dit :

    Je devine assez bien le côté difficile de la route que tu prends, parce que c’est cet aspect, que je veux éviter en ce moment dans ma vie. J’ai eu moi aussi des blessures qui ont fait, qu’au contraire de toi, j’ai choisi un chemin, qui fait que certains jours je dois supporter le tourbillon, à cause de sa stabilité qui me rassure.

  4. michele dit :

    Comme c’est bien écrit! Très émouvant cette fin avec ce « maman » …Lire votre récit équivaut à se laisser bercer par une vague!

  5. Anonyme dit :

    c’est magnifique……un jour elle pourra a son tour lire ces récits….quels beaux cadeaux tu lui fait!
    Je t’aime! xxx

    • Anonyme dit :

      oups C’est Sarah

      • Mawoui dit :

        Hihi ! L’espace d’un moment j’ai songé à un prétendant anonyme ! Tu m’as bien fait jongler petite coquine ! Merci d’avoir pris la peine de commenter, ça me touche beaucoup 🙂

        Tu sais quoi ? Je n’avais jamais réalisé ça ! Jamais pris conscience que ces récits, elle allait les lire un jour. Wow !

  6. Grégory dit :

    Mawoui, j’ai envie de te rappeler que les seules limites qu’il y a dans la vie sont celle que nous imaginons. Si tu penses que tu es limité, tu le seras. Alors imagines le contraire et ta vie changera.

    • Mawoui dit :

      Grégory,
      J’évoquais surtout les limites de certains… ou celles que certaines personnes tentent de nous imposer dans nos vies, par manque d’empathie ou simplement parce qu’ils ont l’incapacité d’aimer.
      Mais celles du corps néanmoins sont là simplement pour nous permettre de mieux nous enligner je crois…

      Néanmoins, effectivement la force de l’imaginaire est grande ! Tu as raison de me le rappeler 🙂

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