J’adore rouler. Longtemps.
Si ce n’était du prix de l’essence et de ma nécessité d’avoir un ancrage à Montréal pour ma fille, je roulerais du lever du jour à la tombée de la nuit, très à l’aise avec cette idée de vie de bohème que je pallierais sans doute par de longs ancrages campagnards ou de mer. De longs trajets ne me font pas peur, ne m’arrêteront sans doute jamais. Encore moins la présence de ma fille, qui s’acclimate et suit la cadence. N’empêche, je rêve secrètement de repartir seule en cavale un jour, longtemps, avec pour tout compagnon un carnet d’écriture et mon réflex. Je pourrais alors m’arrêter partout, photographier tout ce qui me plait, sans sentir une inutile pression de temps qui fuit et qui presse. Sans compromis.
J’ai beaucoup roulé au cours des dernières années au travers du Québec. Pas que je prétends tout le connaître, au contraire je ne cesse d’être séduite par ses richesses et de m’étonner de ces recoins si près que je méconnaissais. Justement, hier, c’était un tronçon du Chemin du Roy, la plus vieille route terrestre du Canada, que je découvrais entre Bastican et Deschambault.
Je connais assez bien la Gaspésie, assez pour la rêver secrètement lorsque l’envie de mer et de littoral rocailleux se fait ressentir. J’ai fais la boucle plusieurs fois, seule ou avec ma fille, simplement pour le plaisir de rouler, d’humer l’air salin et de contempler le paysage rocailleux de mer et de grèves. S’arrêter dans chaque petit village, y boire une bière ou un café en laissant mon esprit se faire contemplatif et rêvasser. Quel bonheur ! J’ai adoré plusieurs fois le Bas Saint-Laurent, Kamouraska et ses vastes champs, magnifique!, Saint-Jean-Port-Joli et son joli village, Sainte-Luce-Sur-Mer et sa grève. Été me reposer maintes fois dans les Cantons-de-l’Est, Magog, Eastman, Mégantic, le lac Brome, North Hartley… Y ai fait de la randonnée ou cueilli des fleurs médicinales, dans mon autre vie d’amoureuse de plantes. La Montérégie, où j’ai grandi, les fins de semaine à marcher dans le Mont Saint-Bruno, à y gratter la guitare sur le bord du feu et prendre des bains de minuit dans ses lacs avec mes amis d’enfance. Sillonner les sentiers sauvages qui partaient à l’époque presque de ma cour et qui beaucoup trop rapidement se sont développés et tristement devenu un secteur embourgeoisé. Montréal que j’apprivoise depuis quelques années et Laval dont j’ai appris à découvrir d’autres facettes récemment, notamment en pratiquant le bateau-dragon sur la rivière des mille-iles.
Les Laurentides et ses chalets, où je vais fréquemment depuis mon enfance, Saint-Donat, Sainte-Marguerite du Lac-Masson, le Lac Supérieur. Et Lanaudière et son festival, Saint-Alfonse-de-Rodriguez où on allait se baigner dans la rivière. L’Outaouais que j’ai toujours envie d’approfondir. Le Centre-du-Québec maintes et maintes fois exploré et cette jolie fermette où j’ai travaillé durant un été avec Roukie alors qu’elle était bébé et où j’ai exploré les terres plus profondes et agricoles. Charlevoix où j’ai dormi sur ses quais.
Finalement, les Îles-de-la-Madeleine dont je suis instantanément tombée amoureuse.
Où demain matin je vivrai, sans hésiter, même lors d’hivers rigoureux où je pourrais enfin dans mes rêves m’enfermer longuement et écrire.
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Vous l’aurez compris, les espaces naturels et verts exercent sur moi un baume bienfaisant. Peut-être autant que la mer. Pas pour rien qu’à chaque peine ou grande blessure, l’hypersensible en moi s’y réfugie et répond à un appel. Mon p’tit côté « femme sauvage » à la Pinkola Estés. Avec un enfant, cet aspect solitaire de ma personne apprend à se mouler, à négocier. À la contemplative, j’amalgame de plus en plus une fille qui se doit de par sa nature de mère et de guide de participer de plus en plus aux activités qu’offre cette vaste nature. Et j’y découvre de grands bonheurs.
Une bien belle escapade ce matin se profile donc pour Roukie et moi. À découvrir le Saguenay-Lac-St-Jean, le majestueux Fjord et la Côte-Nord (du moins, le début) dont je ne sais absolument rien et que je rêve de découvrir depuis des années. Je n’ai vraiment aucune idée comment me représenter Saguenay, Saint-Félicien, L’Anse-St-Jean, Desbiens, Dolbeau, Girarville, Pointe-Taillon, etc. Pas même une image, si c’est celle d’Alma que j’ai entrevue une seule journée il y a quelques années lors d’une tempête de neige. Curieuse, j’ai d’abord lu un brin, puis je me suis résignée, participant à une tournée mystère pour découvrir la région du Saguenay et désirant garder en tête cet esprit d’inattendu et de découverte. Mais j’ai le pressentiment que je risque d’être séduite, avec la certitude que tout ça m’intrigue et m’interpelle depuis longtemps déja…
On quitte donc ce matin la magnifique île d’Orléans (dont je parlerai prochainement) Roukie et moi trépignant toutes deux d’impatience à l’idée de se retrouver au Saguenay Lac-St-Jean d’ici quelques heures.
Je me prêterai donc à l’aventure avec cette douce et belle sensation de me livrer à l’inconnu chez moi. Suivant un itinéraire mystère dont je ne sais rien et qui parle tant à la fille aventurière.
Avec pour tout bagage, mon jeep, mon vieux sac-à-dos, une tente à 9.99$ (ben quin !) ma fille et sa valise à roulette.
Note : J’avais envie d’intégrer un lot de photographies du Québec prises ça et là au cours des derniers années, mais publiant mon premier billet de mon cellulaire, j’apprivoise l’application et ses limitations …
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