Un parc nature et d’étonnantes plages sur la Côte-Nord…

Je ne sais pourquoi, avant de mettre les pieds sur la Côte-Nord, j’avais dans l’esprit qu’elle était entièrement bordée que de plages rocailleuses ou de galets. Comme je me trompais! Il a suffi que l’on s’éloigne de la route 138, un peu avant Baie-Comeau, quelque quinze kilomètres tout ou plus, pour venir longer un petit chemin de bord de fleuve et aboutir à l’entrée d’un surprenant parc pour que je change illico mon avis quant aux plages de la région.

La plage de la baie Saint-Ludger nous a rapidement charmées et étonnées de par sa largeur et la qualité de son sable blond strié par endroits d’une ligne de sable plus ferreux. Absolument splendide! Combien il fut difficile d’emmener nos fillettes explorer davantage le parc alors qu’on avait toutes envie de se mouiller les pieds et d’y jouer longuement à récolter moules et coquillages! L’amoureuse de la mer en moi était redevenue  une fillette qui avait envie de courir et de marcher le long de la baie.

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Plage et battures de Pointe-aux-Outardes

Sabot de la Vierge (c) Marie-Eve Blanchard

Sabot de la Vierge (c) Marie-Eve Blanchard

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Plage de Pointe-aux-Outardes

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Plage et battures de Pointe-aux-Outardes (c) Marie-Eve Blanchard


La suite de ce billet sur le blogue de Québec Maritime ! 

 

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La Gaspésie, Félix, la mer et moi …


Y a des vagues sur la mer
Buveuses de lune

Y a des écumes aussi
Des écorces, des lettres déchirées
Des fleurs à la dérive
Y a des oiseaux au-dessus de la mer

Des grands oiseaux blancs
Avec des yeux comme des gouttes d’eau

Des oiseaux sans voix
Qui tournent en rond le bec ouvert
Qui piquent soudain dans les flots immenses
Les ailes collées le long du corps comme deux bras
Qui bruissent en s’égouttant

Y a des grèves autour de la mer
Des coquillages et du sel
Et de vieux marins qui ne voguent plus
Qu’on a débarqués mais qui sont repartis
Dans des voyages sans escale

Y a le soleil sur la mer
Et toi au bord
Qui le regarde descendre dans l’eau

La Gaspésie, Félix Leclerc, 1967

***

Ma fille avait 6 mois, lorsque j’ai tout plaqué là au terme d’une séparation difficile pour aller travailler dans une fermette biologique dans le Centre-du-Québec. Alors qu’il était mon voeu le plus cher, mon rêve de famille « normale » s’écroulait, portant avec lui mes espérances de découvertes en trio, voire en quatuor. De gros deuils s’amorçaient pour la fille hypersensible et contemplative que je suis. De gros choix aussi.

Je travaillais depuis quelques semaines sur la fermette à récolter et semer des légumes biologiques et ma fille s’est mise à ramper. Avec les dents qui perçaient, ça compliquait le travail et j’avais peur de déranger les autres « woofers » de la fermette. Je suis donc partie, 500$ en poche. Arrivée à Rimouski, le gérant de l’auberge de jeunesse m’a vendu une vieille tente 20.00$. Et puis j’ai amorcé durant trois semaines une tournée de la Gaspésie avec ma tente et mon bébé de huit mois. Les nuits seule dans mon sac de couchage avec Roukie sur la poitrine et le doux déferlement des vagues m’ont transformée. J’adorais déjà follement la mer. Là, dans ma tente, la Gaspésie et la mer venaient tour à tour lécher mes plaies.

La mer... Anse-Au-Griffon, Gaspésie. Même grève, mêmes fillettes. 5 années d'intervalle.

La mer… Anse-Au-Griffon, Gaspésie. Même grève, mêmes fillettes. 5 années d’intervalle.

Mon rapport avec la mer et la Gaspésie se veut donc intime, bienfaisant, initiatique.

Salvateur.

Tout comme il le fût pour Félix Leclerc.

*

J’avais énormément d’attentes quant à l’exposition « Le hamac dans les voiles ». Je tenais absolument à la voir au Musée de la Gaspésie, j’ai aussi découvert un musée fabuleux, quitte à tout chambouler notre itinéraire ! Avec Mingan, « Un hamac dans les voiles » était mon « dada » culturel et poétique dans cette tournée au travers du Québec Maritime. Et comme la vie est parfois bien faite, j’avais réalisé une merveilleuse rencontre la veille.

Nous étions donc en tournée de presse avec Émilie Devoe de Parcs Canada au travers du magnifique Parc Forillon lorsque je l’ai questionné quant à un endroit à déjeuner à Gaspé près du Musée de la Gaspésie. Puis je lui mentionnais que nous allions visiter le musée et que je tenais particulièrement à voir cette exposition. Quel bonheur que de voir Émilie le sourire qui tranquillement jaillissait soudainement au coin de sa lèvre tandis qu’elle conduisait. « C’est mon bébé »…

À mes côtés, j’avais l’initiatrice de ce projet qui me parlait tant sans même l’avoir vu ! Émilie, enceinte de son second fils, s’était surprise de cette envie boulimique de dévorer tout Félix Leclerc. Et telles que les grossesses nous le font parfois vivre, son élan créatif devait aller au-delà et se matérialiser. Aller au-delà des réflexions quant à la présence de la mer dans l’oeuvre poétique et la vie de Félix Leclerc…

Elle a donc eu l’idée de créer une exposition mettant de l’avant Félix Leclerc et son rapport à la mer. Une exposition avec bouts de bois de mer, valises, hamacs, extraits de chansons, anecdotes, correspondances, poèmes…

Une exposition à l’image de Félix, d’une simplicité profonde. Une exposition touchante. Fabuleuse.

On y apprend notamment comment la mer fût salvatrice après la séparation de sa première femme ; y découvre l’amitié profonde qu’il entretenait pour une femme qui vivait sur le bord de la mer « et vivait pour [lui] une vie qu'[il] devrait vivre » ; y lit la beauté et la pureté à même la simplicité des phrases et des mots.

Exposition

Exposition « Le Hamac dans les voiles », Musée de la Gaspésie (c) Marie-Eve Blanchard

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L’exposition est tout simplement magnifique.

Et on a qu’une seule envie : y rester longuement et s’étendre dans ces hamacs flottant dans les voiles. Et puis se laisser bercer par la voix de Félix qui, à l’instar de la mer, agit telle une immense et si douce caresse.

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Immense merci à Parcs Canada, Québec MaritimeTourisme Québec et le splendide Musée de la Gaspésie

**

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Merci Émile Devoe de ta présence et de partager ainsi ton amour pour la mer et les mots … xxx

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Apprivoiser les îles de la Minganie

Les images se bousculent dans ma tête.

Les images, l’odeur de la grève humide, les cris des oiseaux…

Je reviens de la Côte-Nord le regard vif, aiguisé, charmée de tant de beautés étonnantes et naturelles. Rassasiée ? Nous nous y sommes seulement trempées les pieds… j’y aurais avec évidence passé tout l’été.

De magnifiques rencontres, Sandra et André à la Ferme Maricole sur l’Île de la Grosse-Boule à Sept-Îles, mais surtout du temps à explorer du méconnu. Le fascinant Jardin des Glaciers et sa Vallée des Coquillages (en pleine forêt!), dormir auprès du fleuve à Mer et Monde, quelques plages magnifiques où j’aurais avec évidence passé plus de quinze minutes, mais surtout cet archipel encore trop méconnu au sud de Havre-Saint-Pierre, qu’il faut absolument prendre le temps de découvrir. Et non, ce n’est pas si loin… C’est si près quand on y pense ce pays d’îles, d’oiseaux et de mer.

Elles sont plus d’un millier qui ont tranquillement jailli de la mer il y a environ 7000 ans. Plus de mille îles, cayes et îlots aux falaises escarpées et à la flore unique qui se serraient lentement formées sous la mer il y a 450 millions d’années et s’y serraient endormies sous le poids de la glace durant près de 1,5 million d’années pour rejaillir lorsque celle-ci aurait fondu.

Falaises et monolythes qui font une grande partie de  leur charme se sont vus façonnés durant des siècles par la mer, le vent, le gel et le dégel tandis que les îles émergeaient lentement de l’eau.

Je rêvais depuis des années de ces balades en bateau d’île en île dans l’Archipel de Mingan… Des îles sauvages qui ont jailli de la mer après la dernière glaciation avec leur histoire et leurs mystères à apprivoiser. Sur la trentaine d’îles calcaires, et plus de milles îles et îlots granitiques, nous n’en aurons exploré que trois. L’île Nue, où la végétation est quasi absente si ce n’est que de la vaste et magnifique lande qui éblouie par sa présence et ses couleurs; l’île aux Perroquets, où vont, entre autres, nidifier les macareux moines, on peut observer une douzaine d’espèces d’oiseaux marins dans les îles, et où fût érigé un phare en 1888. Une île qui nous ramène à cette réalité sourde et criarde de la mer, cette grande dame et grande maîtresse qui en un coup de lame peut vous arracher brusquement la vie; puis l’île Quarry, la plus familiale des îles où l’on peut camper, à la rustique ou encore dans les tentes oTENTIK de Parcs Canada.

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Île Nue

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Lande, Île Nue

Île Nue

Île Nue

Île Nue

Île Nue

Île aux Perroquets

Île aux Perroquets

Île aux Perroquets

Île aux Perroquets

Seulement quelques jours dans ce décor insolite de bout du monde, auprès de ces rochers qui se dressent fièrement façonnés par la mer et le vent et ses falaises érodées, ce territoire devenu réserve de parc national depuis 1984. Quelques jours à y randonner auprès des tourbières, sur les longs platiers qui se jettent dans la mer, à contempler les spectaculaires monuments naturels témoins du travail de la mer, du vent et du temps.

J’en reviens sans mots. Sinon avec cette envie évidente d’y revenir. Revenir jouer au macologue, au géologue, au botaniste…

Et marcher.

Longtemps.

Île Quarry

Île Quarry

Île Quarry

Île Quarry

Île Quarry

Île Quarry

Île Quarry

Île Quarry

Île Quarry

Île Quarry

Île Quarry

Île Quarry

Je garderai en souvenir précieusement cette longue et plutôt difficile randonnée le long du littoral escarpé avec ma petite fille de 5 ans. Le vent qui nous giflait le visage, les joues rougies par le soleil et l’air salin. Et le chant de ma fille, amoureuse de mer tout comme moi et heureuse de gambader de galets en platiers, agrippant ça et là bouts de bois de mer et oursins évidés.

Orchidée sauvage sur l'Île Quarry

Orchidée sauvage sur l’Île Quarry

Falaise érodée et ses galets ...

Falaise érodée et ses galets …

Bien avant les macareux moines, les monolithes et les phoques, je rêvais de dormir sur les îles. De m’endormir au souffle d’un rorqual en observant les étoiles et en m’imprégnant du silence. Nous sommes arrivées à notre campement sur l’Île Quarry exténuées. Deux mamans et leurs fillettes qui n’ont pas reculé quand on leur a confirmé que la traversée de trente minutes sur la mer agitée et houleuse se ferait dans un zodiac à l’air libre et sous la pluie battante. Braver les intempéries alors que la nature ne fait que cela depuis toutes ces années, nous devrions bien en être capable…

Je n’ai pu m’endormir au son du rorqual tel que je le souhaitais. Je me suis endormie plutôt au tambourinement de la pluie…

Au petit matin, tout c’était calmé. Roukie et moi sommes allées marcher le long de la grève, écoutant et contemplant les sternes, goélands argentés et autres bécasseaux venir nous souhaiter la bienvenue. Au loin, les lumières de Havre-Saint-Pierre s’éteignaient.

Et puis, avant même d’aller visiter les lieux insolites qui l’habitent, la magie de l’île a opéré.

On a entendu un grand « ploutch ».

À une trentaine de mètres, tout au plus, un rorqual soufflait…

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***

Le poète Roland Jomphe, chantre de la Minganie, s’amusait à trouver des noms aux monolythes. Plutôt que d’y chercher des formes (et il y en a, une femme, des animaux, etc.), je me suis longuement étonnée avec ma fille de notre infime petitesse. Ma mère a souvent évoqué cette image comme quoi nous étions de minuscules grains de sable dans l’univers. De minuscules grains de sable ou de minuscules gouttes d’eau tel que l’évoque Jomphe dans son poème, l’analogie revient sensiblement au même. Devant l’immensité de ce qui nous entoure, et notre évidente petitesse, on ne peut que s’étonner. Sinon apprendre à se faire humble et solidaire….

La goutte d’eau

En regardant la terre
Au coin de l’horizon
En regardant la mer
La vie et la saison

Les lacs, les rivières, les fleuves : l’eau douce
Les mers, les golfes, les océans : l’eau salée
Trois fois plus d’eau que de terre

Et parmi toutes ces gouttes
Unité de la rivière, unité de l’océan

Où est la goutte plus utile
Où est la goutte plus importante

La profondeur la surface
La vague qui brise
Le fond qui se cache
Le profond qui nous grise

Où est la goutte plus importante
Celle qu’on voit ou ne voit pas

Où est la goutte plus utile
Celle qui tient ou qui soutient

La profondeur
La surface

En regardant la terre
En regardant la mer
En regardant le monde
Les peuples de la terre
Humains de l’univers

Où est l’homme plus important
Où est l’homme plus utile

En profondeur
En surface

Celui qui tient ou qui soutient
Celui qu’on voit ou ne voit pas
Celui qui parle ou ne dit rien

Au destin de l’humanité
Au mystère de la vie
Sur la mer
Sur la terre
Où est donc
Le plus utile

Ronald Jomphe

Île Quarry

Île Quarry

Pratico-Pratique :

  • Il est possible de camper sur l’Île Quarry, notez qu’il n’y a pas d’eau potable sur les îles. Moi qui suis plutôt friande de camping sauvage, j’ai BEAUCOUP aimé comment les sentiers et les endroits où étaient nichées les tentes oTENTIK sont emménagés. La nature est fortement respectée, les tentes sont légèrement en retrait afin de préserver la beauté du paysage. Parcs Canada y fait vraiment un super boulot ! Pas d’électricité, pas d’eau, mais chaque tente dispose d’une prise USB alimenter à l’énergie solaire et est chauffé au propane (oui, oui ! Le gros luxe !).
  • À compter de cet été, il est possible de dormir dans les deux maisonnettes entourant le phare de l’Île aux Perroquets. Celles-ci viennent tout juste d’être réaménagées. Il se trouve également un petit musée que l’on peut visiter. Bémol et légère déception : la visite du phare est actuellement réservée aux gens qui réserve une nuit sur l’Île, vous ne pouvez pas y aller lors d’une visite guidée.
  • L’Archipel s’étire sur 85 kilomètres… Il faut donc prévoir en fonction des îles que vous désirez visiter ! Les départs pour la section ouest (Nue, Perroquets) se font de Longue Pointe-de-Mingan (avec les familles Loiselle et Vibert). Comptez 45 minutes de voiture entre Havre-Saint-Pierre et Longue
  • Des guides naturalistes interprètes de Parcs Canada offrent des visites sur plusieurs îles au courant de l’été. Elles sont passionnantes !

Immense merci à Parcs Canada, la Famille Loiselle, Services Maritimes Boréale et Québec Maritime et Tourisme Québec grâce à qui ces extraordinaires excursions ont pu être réalisées.

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Avaler 3000 kilomètres teintés d’air salin ! Road trip à la rencontre du Québec Maritime…

Avaler des kilomètres de littoraux rocailleux teintés d’air salin.

D’écume et d’embrun du grand fleuve majestueux.

Des kilomètres montagneux et côtiers, où les phares n’en finissent plus de guetter même si les marins eux-mêmes les ont parfois oubliés. Où le vent frais qui siffle entre les maisons des villages se fait une rassurante mélodie.

Et où l’on ne cesse de s’exclamer devant si chatoyante et si brute beauté.

*

J’aime rouler. En fait, j’adore rouler.

Au travers des responsabilités et du plus plat quotidien, mes escapades sur la route me donne cette vague impression d’équilibre tandis que les paysages défilent. Je flirte alors avec cette sensation d’être maître et en contrôle de ma destinée plutôt que tributaire des événements. Peut-être est-ce s’illusionner. Tant pis. Je fais confiance en la vie : je n’ai alors en général ni peur de ne pas savoir où loger, ni grand trouble face à l’inconnu. Je me confronte à l’imprévu, goûte à l’inattendu et retrouve en quelque sorte la spontanéité et l’émerveillement d’une petite fille de 4 ans. S’offrir à l’immensité de la vie. Alors que dans le quotidien les peurs se créer, s’inventent et s’accumulent peut-être au même rythme qu’on tente de s’y complaire vainement, il me semble qu’elles se dissipent dès qu’on prend la décision de partir d’un point A vers un vague point B… En fait, peu importe la trajectoire. L’essentiel demeure de partir.

« Partir quelque part pour partir. » Entendu ce matin en direction pour Québec les mots de Ferland, même mots gravés sur une carte que mes parents avaient glissé dans mon sac lors de mon premier voyage en solo en Europe. À peine 20 ans et une envie de goûter autrement le monde, par-delà les livres, le vaste ailleurs autrement. Répondre à cette phrase écrite de la main de Gide pour Nathanaël dans les Nourritures Terrestres : Il ne me suffit pas de lire que les sables des plages sont doux ; je veux que mes pieds nus le sentent… Une phrase qui a changé ma vie. Depuis, même si j’apprends à m’ancrer, cherche la quiétude et trouve tout autant dans la rêverie, le jardinage, l’écriture et les mots d’autrui cette impression fugace d’ailleurs, ce goût d’y goûter réellement refait surface sporadiquement. Une vie ponctuée de voyages ça et là de toutes sortes, avec ses envies de road trip qui me traversent fugacement l’esprit. À ces envies de route qui me tenaillent, cette envie teintée d’air salin qui me conforte aussi dans mon équilibre. Et si, en un seul et même projet, tout pouvais tenir dans cela.

Inutile de préciser mon état devant tous ces kilomètres de bonheur maritime à sillonner.

Heureuse. Euphorique. Absolument emballée.

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Paysage typique de la péninsule gaspésienne…

L’idée de ce projet a sans doute germé dans notre esprit l’année dernière lorsqu’au terme d’une tournée au Saguenay Lac-Saint-Jean nous flirtions quelques jours avec l’orée de la Côte-Nord et de Manicouagan. Nous avions adoré les recoins un peu plus reculés de Sacré-Coeur.  De même que l’historique et le cachet de Tadoussac, charmant village malgré son indéniable propension touristique.

N’empêche, goûter du bout des lèvres la Haute-Côte-Nord que je n’avais jamais foulée m’avait laissé sur ma faim. Je voulais croiser des hameaux, des phares, des rochers escarpés et de vastes plages pour y marcher et m’enfoncer dans le sable fangeux. D’autant plus que voilà plus de cinq années que je rêvais de découvrir les îles de l’Archipel de Mingan. Depuis que j’en avais parlé à Marie-Julie, elle aussi en rêvait.

Ce projet un peu fou, intense et magnifique de road trip, qui consiste aussi à avaler des kilomètres en s’emplissant le regard de beauté et les poumons d’air salin, nous mènera à la rencontre du Québec que l’on nomme Maritime. Celui démesuré, vaste,  marin, sauvage, impossible à dompter.

Le défi tout de même demeure, nous partons, technomade branchée qui souffre presque quand elle ne trouve pas de wifi (j’exagère… à peine ;-)), moi et nos charmantes et très intenses filles qui ne sont pas nées des voisines. À ce voyage entre copines se greffe donc l’aspect familial à gérer. Les voyageuses mamans que nous sommes se connaissent suffisamment pour se permettre et s’accorder mutuellement des moments pour plonger dans nos bulles respectives, travailler, rêvasser ou faire le plein d’air en solitaire. Il faudra les voler ça et là au présent, notre itinéraire étant tout de même chargé et intense.

Nous partagerons donc avec vous notre projet de road trip à la rencontre des régions maritimes du Québec via nos réseaux respectifs, à travers nos mots sur nos sites personnels et sur le site de Québec Maritime. Question que vous puissiez de par nos yeux découvrir ce Québec si vaste et si beau, avec tout ce qu’il a encore de sauvage, démesuré et marin, mais aussi ses attraits incontournables autant que ses nouveautés.

Inutile de vous dire que l’amoureuse éperdue d’écume trépigne d’impatience. Que j’ai hâte de renouer avec la Gaspésie qui fût à la fois un baume et le synonyme d’un début d’une grande aventure lorsque je me retrouvai seule avec un bébé il y a exactement 5 années. Que j’ai hâte de traverser le Bas-Saint-Laurent où le vert et le bleu s’entremêlent comme une caresse et de déguster ces produits régionaux que j’aime tant. Sans parler de demain où nous entamerons déjà les premières foulées vers cette majestueuse Côte-Nord qui m’intrigue comme un appel.

Cet été, nous vous proposons donc d’embarquer dans notre aventure, un road trip à la rencontre du Québec Maritime. Une première et grande portion familiale de 18 jours, débutant  cette semaine, se déroulera en grande partie le long du majestueux fleuve Saint-Laurent, des sentiers montagneux et de la péninsule gaspésienne.

Ce matin, nous amorcerons donc les premiers sillons d’un circuit connu sous le nom de la route des Baleines !!

***

Pour nous suivre, simplement suivre le hashtag #RoadTripQM et ceux de # QuebecMaritime et #QuebecOriginal

Ce génial projet est mis de l’avant en partenariat avec Québec Maritime et en collaboration avec Tourisme Québec. Incommensurable merci d’avoir embarqué dans notre road trip !! On se croise sur la route ?!

 

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Coucher de soleil sur le Bic

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L’Abitibi-Témiscamingue : étonnante Rouyn-Noranda !

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Mythique route 117. Seul lien terrestre direct entre le sud du Québec et l’Abitibi-Témiscamingue.

Quelques jours avant mon départ pour l’Abitibi-Témiscamingue, Desjardins et Phillipe B jouaient toujours en boucle chez moi. Pour Richard Desjardins, ça peut paraître quelque peu cliché, du moins pour les Québécois. N’empêche, l’amoureuse de poésie et de mots renouait avec bonheur avec cette voix rocailleuse ; depuis Abbittibbi jusqu’à Kanasutha en passant par Boom Boom et les Derniers Humains jusqu’à l’Existoire, les albums du poète témiscabitibien ont longuement côtoyé ceux d’autres grands paroliers qui ont réchauffé ma demeure. Vous n’avez pas idée combien de fois j’ai chantonné l’immortelle les Yankees avec des amis auprès d’un feu et d’une guitare ; que je me suis époumonée sur Dans ses yeux en faisant mon ménage (et oui, chacun ses trips…) ; où je me suis évertuée à transposer du piano à la guitare les accords de la magnifique Engeolière. Je sais, l’Abitibi-Témiscamingue ne se résume pas à Richard Desjardins… j’en reviens d’autant plus avec la conviction! (Il n’y est d’ailleurs pas partout toujours apprécié…)N’en demeure, il a toujours été le premier référent qui m’est venu à l’esprit lorsqu’on souligne cette région du Québec, un peu comme on s’évoque Brel lorsqu’on parle de Belgique. Ainsi donc, à l’instar de plusieurs, sa poésie humaine et engagée fût ma première approche de l’Abitibi. Une fabuleuse porte d’entrée. Devant laquelle il ne faut surtout pas hésiter à aller au-delà…

*

Donc, un premier apprivoisement qui s’était réalisé sous un angle artistique et engagé. Hormis tout ça, l’immense cri du cœur pour la forêt qu’est l’Erreur boréale, quelques poèmes d’une autre Desjardins, pas Richard mais plutôt sa sœur Louise, le fait que ce soit la patrie de Raôul Duguay et de Diane Tell, qui ont grandi à Val d’Or, le dur et essentiel film le Peuple invisible, la présence des Festivals des Guitares du Monde, de Musique Émergeante, auquel je souhaite assister depuis des années, et d’un autre consacré au cinéma international, j’ai dû aussi me rendre à l’évidence : j’en connaissais bien peu quant à cette région.

J’ai donc pris une carte avant mon départ et pris le temps de bien situer les unes des autres villes que sont Val d’Or, Rouyn-Noranda, Amos, La Sarre et Senneterre. Un brin honteuse d’en savoir si peu sur mon patrimoine, de m’avouer que j’avais du mal à les localiser l’une par rapport aux autres.

Puis, je me suis rappelée que le Québec était bien vaste et que j’avais encore plusieurs années pour continuer d’aller à sa rencontre.

*

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Les cheminées de la Fonderie Horne qui se découpent au-dessus du lac Osisko. Rouyn-Noranda.

Je m’étais donc toujours imaginée cette région de par ses lacs et ses rivières et par son filon artistique. Dans mes rêveries, j’avais délaissé la réalité des mines, des mouches et de son industrie forestière… Il y a là tout un stéréotype, à la fois une réalité qui ne peut être écartée mais qui frôle aussi le cliché, que l’on perpétue peut-être à mauvais escient à défaut de bien connaître. La présence de la Fonderie Horne, sur l’ancienne mine du même nom près du lac Osisko qui borde le centre-ville de Rouyn-Noranda, surprend, certes, lorsqu’au détour d’une rue on se trouve nez-à-nez devant ses deux longues et effilées cheminées. Le développement de ce territoire c’est avec évidence effectué avec l’exploitation des gisements d’or et de cuivre de la grande Faille de Cadillac. Impossible de l’oublier, et ce jusqu’au nom que portent fièrement les microbrasseries artisanales ou les chocolateries de la région. On ne peut donc dénier cette réalité des miniers qui courageusement descendaient, et descendent toujours par endroit, extraire les entrailles de la terre. Un univers qui lorsqu’il nous est relaté dans sa dureté et sa réalité, il faut absolument commencer par une visite de la maison Dumulon pour se contextualiser, ne peut qu’impressionner et fasciner… Depuis trois jours, le mot qui me vient constamment à l’esprit lorsque je tente d’appréhender ce qu’a laissé en moi cette région est de fait le mot étonnement. Après l’émerveillement et l’admiration, je ne peux qu’admettre que j’en suis revenue fort étonnée.

*

Trois journées à m’y tremper les pieds. Et au terme de ces trois petites journées bien remplies, j’avais rapidement réalisé mon erreur, sinon mon immense bévue, de ne pas avoir investigué davantage et d’avoir associé si longuement dans mon esprit la région de Rouyn-Noranda à un lever de soleil et à la strophe d’une chanson…

Rapidement, j’ai dû revoir quelques uns des jugements hâtifs que je portais malgré moi. D’abord, j’y ai excessivement bien mangé ! Tant à La Muse Gueule, bistro sympathique où les plats sont frais et colorés ( grande soeur du café-bar l’Abstracto où ça sent à souhait le café fraichement torréfié) qu’à la fine cuisine de la Rose des Vents,

Cellier du restaurant La rose des vents

Cellier du restaurant La rose des vents

où j’ai découvert une pléthore de produits locaux du Témiscamingue dont je ne connaissais l’existence, qu’au convivial Cachottier avec ses très bons et originaux tapas ! (N’empêche, le doré froid sur des craquelins avec fromage à la crème, poisson pêché par l’amoureux de mon hôtesse à l’Oasis du Bonheur, restera un gros coup de coeur… on aime ça les mets issus du terroir apprêtés à la bonne franquette !!) J’ai aussi cherché les mouches noires et je ne les ai pas vu… Non pas qu’elles soient un mythe, mais on oublie aisément que la température, les vents et les saisons influent sur leur présence…

« Rouyn-Noranda c’est la culture en plein nature » avais-je lui avec un certain regard sceptique dans le cahier promotionnel de l’Abitibi-Témiscamingue. Ma méfiance s’est rapidement dissipée:  à maints égards, le mariage entre culture et nature est indéniable.

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Lac naturel au coeur du jardin botanique À Fleur d’eau à Rouyn-Noranda.

Au-delà des nombreux festivals, la ville même foisonne d’une richesse culturelle et naturelle qui ne cesse de surprendre. Il n’y a qu’à penser au 7,8 km de piste cyclable longeant le lac Osisko qui traverse longuement la forêt ou au verdoyant et fleurissant jardin botanique À Fleur d’Eau, havre de paix au coeur du centre-ville. Difficile aussi de ne pas s’étonner d’y croiser une église orthodoxe russe et une autre ukrainienne dans cette ville qui n’est pas encore centenaire. On a tendance à oublier comment au début du précédent siècle, la ville de Rouyn-Noranda était la seconde ville la plus cosmopolite au Québec après Montréal. Ce sont surtout les « Fros », des étrangers de l’Europe de l’Est, qui descendaient faire ce travail dans des conditions terribles.

Fontaine du cinquantenaire de la ville devant le lac Osisko

Fontaine du cinquantenaire de la ville devant le lac Osisko

Lac Osisko aux abords du centre-ville de Rouyn-Noranda

Lac Osisko aux abords du centre-ville de Rouyn-Noranda

J’ai donc pu aussi entrevoir la région dans le filon culturel que je présentais. Sinon, davantage. Un peuple ainsi reculé qui s’est fait autant bâtisseur ne se doit-il pas d’être nécessairement son corollaire, créatif ?

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Oasis du Bonheur

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Stéphanie Rouillard de l’Oasis du Bonheur devant sa yourte authentique mongolienne. L’endroit compte aussi un chalet pouvant accueillir 6 personnes et un original Tipi avec une porte 😉

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Alexandre Castonguay, comédien et artiste, créateur de Ma Noranda

J’y ai rencontré des artistes, oui. Mais beaucoup plus que cela.

Beaucoup d’âmes.

D’abord chez Stéphanie Rouillard, passionnée, amante de la nature, énergique travailleuse et attentionné hôtesse de l’Oasis du Bonheur, qui m’a fait rire aux larmes et qui, de par son amour pour sa pinède et la culture autochtone ainsi que son courage de braver l’opinion d’autrui, m’a touchée et séduite. Un mode de vie qu’elle bâtit de ses mains et qu’elle tente de maintenir en équilibre sur son centre de villégiature sis sur un Esker. Dans les sentiers de sa pinède et aux abords d’un lac d’eau de source, elle nous invite à décrocher.

Des artistes. Des passionnés.  Des tripeux. Des raconteurs de talent. Il ne faut pas plus de 15 minutes pour s’entretenir avec Alexandre Castonguay, artiste bouillonnant et intense, créateur de l’éclatée pièce, festin déambulation et interactif qu’est Ma Noranda pour s’imaginer l’original et l’improbable survenir au coin d’une ruelle.

Un saut au Petit Théâtre suffit d’ailleurs pour palper le pouls artistique du quartier culturel qu’est le Vieux-Noranda. La directrice nous assure que les portes y sont continuellement ouvertes : pour s’arrêter jouer quelques notes sur le piano, refaire le monde, relaxer ou simplement tester une idée créative, une mise en scène.

Laisser circuler les idées.

*

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Création issue d’une duo d’artistes, Dialogue II, Centre d’exposition de RN

Alors que la semaine dernière j’écoutais attristé Le peuple invisible qui relate comment les Algonquins ont dû se retirés vers le Parc de la Vérendrye, je suis arrivée au coeur même de la préparation de l’exposition Dialogue II au Centre d’exposition de la ville. Quelques minutes à échanger avec les commissaires de cette exposition multidisciplinaire m’ont permis d’entrevoir toute la sincérité dans ce désir d’aller à la rencontre des peuples autochtones. Par le biais d’oeuvres d’art communes, artistes allochtones et autochtones tentent de mener à une meilleure compréhension de l’histoire et des traditions des Premières Nations.

Aux raconteurs de talent s’ajoutaient donc des artistes allumés, engagés et soucieux de réinstaurer une communication respectueuse et consciencieuse qui tend à rétablir un fragile lien brisé. Ce rapprochement culturel par l’art et cette tentative de dialogue, qui se doit de se faire lente et s’inscrire dans la durée, m’ont beaucoup touchée.

*

Dans le majestueux Parc Aiguebelle, j’ai rencontré l’Abitibi , celle que je rêvais, silencieuse, bleutée et verdoyante avec ses lacs et ses rivières qui n’en finissent plus de couler. Là où le nom Abbittibbi prend tout son sens … Le terme algonquin signifiant « là où les eaux se séparent », la région étant assise et traversée par une ligne de partage des eaux. Environ un kilomètre de terre qui sépare le magnifique et paisible lac Sault, sur lequel j’ai eu le bonheur de pagayer, et le lac Lac Haie constitue cette ligne. Le lac Sault se déverse donc au nord, de même que nombreux cours d’eau se jetant par la rivière Harricana, dans la Baie d’Hudson, alors que le lac La Haie et la rivière Kinojévis filent au sud vers la rivière des Outaouais. En somme, c’est là que se sépare le bassin du Saint-Laurent de celui de la Baie-James.

À même les rochers, j’ai pu observer le passage des glaciers à l’aide de ma guide Émilie et de son acolyte Sabrina. Contempler une marmite de géant, une énorme cavité creusée lentement par l’eau des glaciers. Admirer les tableaux lumineux qu’offraient le mariage entre le vert foncé des épinettes et celui plus clair des jeunes feuilles printanières des bouleaux. Randonner autour du splendide lac Lac Haie, encaissé entre les immenses falaises résultant d’une faille géologique datant de l’ère glaciaire. Les Témiscabitibiens mentionnent d’ailleurs régulièrement les 22 000 qui parsèment la région. Ils en sont fiers.

Avec raison.

Splendide Lac La Haie

Splendide Lac La Haie

Barrage de castor en bordure du lac la Haie, Parc National Aiguebelle (c) Marie-Eve Blanchard

Barrage de castor en bordure du lac la Haie, Parc National Aiguebelle

Pagayer sur le paisible lac Sault

Pagayer sur le paisible lac Sault

Difficile de ne pas faire taire mon côté fille des bois qui a illico ressurgi dans ce magnifique et paisible parc que l’on se doit d’apprivoiser. Goûter aux pousses d’épinette tout en discutant de gelée, contempler des sabots de la vierge naissants, pagayer pour aller observer des plantes carnivores,  manger des fleurs au hasard des sentiers… Admirer du haut des collines Abijévis la forêt boréale à n’en plus finir.  Un véritable bonheur !

Des passionnées de nature certes, des bâtisseurs et des artistes, mais aussi un peuple très accueillant et fier.

Sincèrement, j’ai trouvé la région étonnante. J’en suis revenue avec l’envie naissante de découvrir le Témiscamingue et ses terres agricoles, de palper plus longuement le pouls culturel de Rouyn-Noranda et de retourner me perdre dans les endroits plus reculés et sauvages et de les apprivoiser.

J’ai pensé à la Complainte du Scaphandrier de Philippe B qui parle de nous tous une fois blessé, cette peur « de remonter trop vite des profondeurs » qui nous tenaille et se tiraille avec ce désir de réapprivoiser le bonheur. Au-delà de cette peur de tomber en amour, avec une personne ou une région, j’y ai vu plein d’analogies. De battants qui ont bravé et vécu dans des conditions difficiles afin de se donner une deuxième chance ; des gens qui remontent des profondeur des mines, des lacs profonds, des forêts denses et lointaines et des terres plus reculées. Et qui ont su créer un bonheur unique qui ne tend qu’à être partagé…

***

Quelques adresses coups de coeur :

– Oasis du Bonheur et sa charmante propriétaire. Villégiature en milieu naturel à Destor, une vingtaine de minutes du centre-ville de Rouyn-Noranda

– La chocolaterie Bistro Le Gisement et ses lingots « Or en barre » à déguster ou faire fondre en un épais chocolat chaud. Essayez ceux au chocolat blanc à la cardamome !!!

– L’ancien magasin général de Jos Dumulon. Un incontournable à visiter dès l’arrivée ! Pour avoir guidé des dizaines de groupe dans ce genre d’endroit, je dois admettre que je ne suis pas très friande de ces reconstitutions… et j’en ai vues ! La visite guidée de la Maison Dumulon est non seulement hyper instructive quant au travail des miniers, leur réalité quotidienne ainsi que les nombreux obstacles et difficultés auxquels ils étaient constamment confrontés, elle nous plonge réellement, et avec un adorable humour, au coeur des années 20 et 30. Une contextualisation vraiment passionnante !

– La Stout à l’avoine de la brasserie artisanale Le Trèfle Noir ! (C’est possible de se faire livrer une caisse ?)

Vélo Cité : voilà une belle initiative ! Aux abords de la maison DuMulon vous pouvez louer gratuitement vélos, planches ou patins à glace, et ce tout autant pour les locaux et les touristes ! J’ai adoré ma promenade en vélo autour du lac !

***

D’ici une prochaine escapade en contrée témiscabitibienne, je pourrais prolonger le plaisir au travers des magnifiques images du photographe Mathieu DupuisJe vous invite à en faire tout autant. Le livre Abitibi-Témiscamingue, Sur la Route avec Mathieu Dupuis est non seulement une véritable invitation à la rêverie mais aussi un intime partage de sa vision personnelle de la région qui constitue une superbe introduction. À l’instar de celui-ci, vous aurez sans doute envie de monter à bord de votre voiture et de traverser la 117 pour ensuite sillonner les routes et sentiers entre le 46e et 49e parallèle.

Merci à Tourisme Abitibi-Témiscamingue pour l’invitation à participer à votre opération charme. Merci particulier à Anne-Marie Belzisle et Réjean Lavoie de chez Tourisme AT ainsi qu’à Noémie Poirier de Tourisme Rouyn-Noranda. Clin d’oeil à Émilie et Sabrina avec qui j’ai adoré pagayer et randonner dans le magnifique Parc National d’Aiguebelle.

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Coup de coeur d’hébergement au Saguenay chez Alfred le voisin d’Oscar

La mer intérieure (c) MEB

Niché à même l’escarpement rocheux du fjord du Saguenay, ce site d’hébergement de « prêt à camper » haut de gamme propose un cadre champêtre au cœur de la forêt sauvage. Quiétude et points de vue à couper le souffle vous attendent dans de toutes nouvelles yourtes au cachet unique!

Nid douillet

Accessibles à pied ou en raquettes par des sentiers boisés féériques, les 4 yourtes répondent à des noms aussi poétiques que les lieux où elles se dressent. La forêt des murmures, La belle étoile, La diable aux vaches et La mer intérieure, conçues et érigées en collaboration avec une entreprise de la région, Imago Structures, dominent le majestueux fjord….

La suite de l’article publié originalement dans la revue de plein air et de voyages Espaces par ici.

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Voici quelques photos de ce gros coup de coeur d’hébergement au Québec en complément:

Arrivée sur le domaine (c) MEB

Petites roulottes Boler qui devraient être en location l'été prochain

Yourte La mer intérieure (c)M-Eve Blanchard

Intérieur d'une yourte

Terrasse avec vue sur le Saguenay (c) MEBDenise Hovington qui montre une toilette sèche MEBVue de l'Anse-de-Roche (c) MEB

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Philadelphie, amour fraternel pour de méconnues adresses…

Alors que le guide Escale à Philadelphie, le premier guide et un des rares en français, consacré à cette ville aux Éditions Ulysse, a fait son arrivée sur les tablettes, j’avais envie de vous livrer quelques coups de coeur quant à cette ville de la côte est états-unienne qui gagnerait nettement à être davantage connue ! Philly est une alternative vraiment intéressante à New York pour une escapade d’un long weekend (surtout lors des fins de semaine avec une journée fériée où les touristes pullulent) et peut aisément se combiner avec une visite de Washington D.C. lors d’un court séjour. Avec ses quartiers distincts, et surtout ses vies de quartiers, elle me fait parfois penser à Montréal ou aux quartiers moins connus newyorkais tel que ceux que l’on retrouve dans Queens. Sous le soleil, je ne vous mentirais pas elle me laisse plutôt froide sous la pluie (comme bien des villes états-uniennes d’ailleurs, on y cherche vainement le charme européen des jours de pluie), elle ne manque aucunement d’attraits et regorge d’endroits à découvrir.

Philadelphie (c) Marie-Eve Blanchard

Philadelphie (c) Marie-Eve Blanchard

Clothespin de l'artiste suédois Oldenburg et le City Hall de Philadelphie

Clothespin de l’artiste suédois Oldenburg et le City Hall de Philadelphie (c) Marie-Eve Blanchard

Au courant des deux dernières décennies, le pouls de la ville a pris un véritable tournant. Son centre-ville, qui longtemps était désert et lugubre en soirée, s’est vu véritablement transformé avec une importante revitalisation notamment d’une portion de Broad Street, qui est maintenant très animée. Le tronçon entourant le majestueux et central hôtel de ville, City Hall, au sud et au nord, s’est d’ailleurs vu attribué le surnom de Avenue of the Arts avec ses théâtres, salles de concerts et de spectacles, musées et restaurants haut-de-gamme notamment. (Il faut d’ailleurs absolument pénétrer dans le Kimmel Center for the Performing of Arts, où Yannick Nézet-Séguin s’évertue à diriger le Philadelphia Orchestra depuis 2012, pour admirer de l’intérieur l’immense toit composé d’une voûte arqué et vitré.)

Durant plusieurs années, certains ghettos en périphérie de la ville ont aussi contribué à jeter de l’ombre sur Philly qui, du moins en son sein, est beaucoup plus sécuritaire qu’on ne l’a prétendu. Philadelphie reprend donc de la vigueur, se modernise, se dynamise et ajoute à son patrimoine déjà riche une économique verte et consciencieuse.

Vue sur le Comcast Center du JFK

Vue sur le Comcast Center du JFK « Love » Park

Trois ans après que la ville fut fondée en 1682, William Penn fit d’ailleurs dessiner des plans de la ville motivé par le désir de faire de Philadelphie une « ville provinciale verte ». Le plan urbain réalisé par Thomas Holmes inscrivait la ville en « carré » avec quatre parcs aux quatre coin et un parc central. L’héritage du fondateur de la ville est toujours visible avec les 5 squares, dont 3 constituent de véritables oasis urbaines. Depuis son élection en 2008, le maire démocrate Micheal Nutter poursuit donc l’idéal de Penn et, s’étant donné l’ambitieuse mission de faire de Philadelphie la ville la plus verte des États-Unis, il a lancé en 2009 Greenworks Philadelphia. Le projet a pour objectifs principaux d’améliorer l’efficacité énergétique des logements, de développer les sources alternatives et de réduire à 30% la consommation d’énergie des bâtiments publics. 167 initiatives vertes sont donc encourues en ce sens : meilleur gestion de l’écoulement des eaux pluviales avec la création de trottoirs aux pavages poreux pour éviter le débordement des égouts et favoriser un meilleur cycle, barils de pluie, apparition de nombreux toits verts, création de 688 kilomètres de pistes cyclables, programme de certification LEED pour la construction de nouveaux bâtiments, installation de panneaux solaires et micro éoliennes pour permettre à des buildings de s’alimenter avec sa propre énergie renouvelable (comme en fait foi l’épatante transformation du stade des Eagles, le Lincoln Financial Field) etc. Bref les initiatives ne manquent pas !

Outre ses très connus et réputés attraits culturels, Philadelphie a une longue tradition muséale et historique avec des musées tels que le Philadelphia Museum of Arts, le Franklin Institute ou encore avec Old City, le quartier historique avec son illustre Cloche de la Liberté et l’Independance Hall, dont la littérature abonde. La ville foisonne cependant d’endroits et d’attraits qui gagneraient à être découvert et exploré. En voici donc quelques uns que j’affectionne personnellement et que j’évoque habituellement moins.

Le quartier universitaire

(c) J Fusco pour Visit Philadelphia

(c) J Fusco pour Visit Philadelphia

Ce n’est peut-être pas le campus de Harvard, mais tout de même il s’agit d’un site indéniablement charmant! Déambuler dans les rues et sur Locust Walk au coeur du campus universitaire de la Pensylvannie peut s’avérer une très belle expérience avec des découvertes surprenantes. Vous y croiserez des bâtiments magnifiques, je pense entre autre à l’époustouflante Fisher Fine Arts
Library
, à mi-chemin entre une forteresse et une cathédrale gothique dont l’intérieur est tout simplement somptueux, et nombres de sculptures, notamment une seconde version de Love de Robert Indiana moins connu que celle du JFK Park, mais tout aussi chargée en symbolisme.

Fisher Fine Arts Library

Fisher Fine Arts Library

Penn Museum

Penn Museum

S’y niche aussi un musée fabuleux pour lequel j’ai eu instantanément un gros coup de coeur. De fait, le Penn Museum, le musée d’anthropologie et d’archéologie de l’Université de Pennsylvannie, est un véritable joyaux pour les amoureux ou amateurs d’histoire des grandes civilisations.

On y explore les différentes cultures du monde et de véritables trésors y sont conservés : un magnifique et étonnant sphinx de 15 tonnes de plus de 3200 ans dort dans la crypte de l’Égypte ancienne; momies; sarcophages; masques africains, et tablettes d’argile cunéiformes de la Mésopotamie ne sont qu’un bref éventail des artéfacts présentés. Bref, on peut aisément y passer tout une journée !

Sphinx, Penn Museum

Sphinx, Penn Museum (c) Marie-Eve Blanchard

Northerns Liberties et Fishtown

À l’instar du centre-ville, ces anciens secteurs industriels se sont vus eux aussi revitalisés au cours des dernières années. Autrefois plutôt malfamé, Northerns Liberties attire maintenant artistes, jeunes professionnels aisés et autres hipsters branchés. Le quartier regorge de jolies maisons en brique restaurées, arborant des portes rouges, bleues ou vertes avec des fenêtres à volets tout aussi colorés. auxquelles s’ajoutent cafés à la décoration rétro, brasseries artisanales et bars. En raison de sa nouvelle popularité, le prix des condos et des lofts aménagés dans les hangars modernisés n’a cessé de grimper. Les artistes se sont donc relocalisés un peu plus au nord, transformant l’ancien secteur industriel de la pêche à l’alose en un quartier émergeant que l’on dénomme Fishtown. Les quartiers ont peu d’attraits touristiques sinon d’y déambuler en admirant leur cachet unique, de s’y restaurer ou d’assister à un concert local. Les restaurants Fette Sau, concept originaire de Brooklyn, et Frankford Hall m’apparaissent comme deux incontournables pour qui souhaitent goûter à de succulents mets « viandeux » dans d’anciens espaces industriels rénovés avec goût (vraiment top 😉 !)

Rittenhouse Square

Parc verdoyant, central et dynamique de cette artère doté du même nom, il n’est pas rare d’y croiser de sympathiques musiciens de jazz, il est cerné de quelques restaurants et pubs tendances, ponctué ça et là de bistros et tables typiquement à l’ambiance de brasseries parisiennes. Rittenhouse est un quartier branché et chic qui fourmille de restaurants, boutiques tendances et bars populaires. Les amateurs de bières raffoleront du

Monk's Café & Beer Emporium

Monk’s Café & Beer Emporium

Monk’s Café avec sa sélection de plus de 200 bières à couper le souffle et sa vingtaine de bières cask. L’ambiance sombre évoque réellement celle des anciens abbayes trapistes et y siroter une bière à la lueur d’une chandelle dans l’une de ses petites alcoves est une pure bonheur. Sinon, question café, il faut oublier illico les quelques Starbucks du quartier et se ravitailler en caféine à l’excellente, et très réputée, maison de torréfaction La Colombe.  Les passionnés et geeks de café trouveront d’ailleurs leur compte un peu partout dans la ville.

Le Rosenbach Museum & Library est une autre une adresse intéressante et méconnue pour les amoureux de littérature avec ses 30 000 livres rares et 130 000 manuscrits ! J’ai pu y admirer une page du manuscrit Ulysse de James Joyce (ainsi que des exemplaires de chacune de ses premières éditions) et visiter une reconstitution de l’appartement, avec les meubles originales, de la poète Marianne Moore. On pardonnera le fait que l’endroit a longtemps mis l’accent pour sa promotion du fait qu’elle détenait le manuscrit original d’Alice aux pays des merveilles, mais on en sortira tout de même un brin déçu. Le manuscrit Alice’s Adventure Under Ground fut effectivement en la possession de Philip Rosenbach lors de son achat historique en 1928, mais il ne l’est plus…

Fairmount Park

(c) John Hurst

(c) John Hurst

J’ai eu la chance de parcourir une infime partie du parc récemment à vélo … et de m’y perdre ! Vous croyez que Central Park est un immense parc urbain ? Si je vous disais que Fairmount Park compte 37km2 alors que son homologue newyorkais n’en a que 3,4 ? Près de 12 fois plus grand, c’est tout dire ! Y pédaler le long de Schuykill River est un véritable bonheur mais, attention, ici on partage la piste cyclable avec joggeurs, poussettes et marcheurs ! Les attraits du parc sont vastes : zoo (le premier des États-Unis) , musées, centre d’horticulture japonais, cimetière Laurell Hill, Boathouse Row et ses clubs d’avirons, etc. À l’instar de Washington, les magnifiques cerisiers du parc fleurissent au printemps ce qui donne lieu à un Cherry Blossom Festival moins connu, mais tout aussi florissant, que celui de la capitale.

Aux abords de sa portion sud-est, se trouve non loin le Eastern State Penitentiary où j’ai souvent accompagné des groupes que je guidais. Premier pénitencier en forme d’étoiles qui servit par la suite de modèle pour plus de trois cent prisons à travers le monde, il a beau tomber en ruines dans certaines parties de ses ailes, cela ajoute au caractère plutôt glauque de l’endroit. Les tournées guidées valent le coup question d’en apprendre plus sur le système d’isolement de chaque cellule, le puits de lumière y symbolisant « l’oeil de Dieu », la méthode révolutionnaire de surveillance que le dispositif permettait ou encore pour se faire raconter les nombreuses tentatives d’évasion.

Une des cinq ailes du Eastern State Penitentiary, (c) Marie-Eve Blanchard

Une des cinq ailes du Eastern State Penitentiary, (c) Marie-Eve Blanchard

East Passyunk Avenue

C’est LE nouveau quartier en développement, sinon LA rue où aller pour partager un excellent repas dans d’agréables restaurants de quartier loin de la sauce touristique. Juste au sud du marché italien, où il faut prendre la peine de flâner longuement devant ses étals colorés et parfumés, se trouve une avenue qui scinde le quartier sur sa diagonale. Avant de s’y rendre, on croisera Geno’s et Pat’s King Steak qui se font concurrence depuis 40 ans avec leur fameux Philly cheesesteak. Mais s’entêter à associer la gastronomie de la ville qu’à ce sandwich devenu presqu’emblématique, serait passer à côté d’une gastronomie en pleine ébullition qui se démarque mondialement. Aux chefs déjà célèbres comme Jose Garces et Marc Vetri, s’ajoutent de plus en plus de jeunes visionnaires qui viennent s’installer le long de l’avenue East Passyunk. Ils y ouvrent des restaurants où les produits frais et locaux sont souvent mis de l’avant. Plusieurs sont d’inspiration française, mais on y croise aussi d’excellent mexicains ou encore menus de l’Europe du Nord. Bon à savoir pour maximiser l’expérience : plusieurs, et d’excellents, sont affichés sous la bannière BYOB pour Bring Your Own Bottle (le cas de Laurel, Noord Eetcafe et Will notamment), il faut donc penser à se procurer ses consommations alcoolisées avant. Les lois entourant la délivrance de permis d’alcool en Pennsylvannie étant particulièrement rigoureuses, se procurer un tel permis nécessite une somme excessivement élevée qu’il est impossible de délivrer pour bons nombres de restaurateurs, on retrouve donc pléthore de restaurants de ce type (et d’excellents!) à Philadelphie !

En vrac…

M’en restreindre à ses quelques adresses m’est juste impossible… Alors voici en vrac quelques autres coups de coeur personnels et moins connus pour les amoureux des arts, de l’architecture ou des saveurs…

– La déco à l’ambiance très « speakeasy », les bières régionales et la terrasse sur le toit (toujours bondée…) du Revolution House.

– La magnifique façade arrière avec ses colonnes en demi-rotonde du Merchant’s Exchange Building.

– La vue panoramique sur la ville du Market Street Bridge (à deux pas du Penn Museum)

– Je ne peux pas omettre de mentionner le Rodin Museum, la Barnes Fondation et le Philadelphia Museum of Arts. Ce dernier sera rénové au courant des prochaines années selon l’important plan de restructuration de l’architecte Frank Gehry (Musée Guggenheim de Bilbao et Pavillon Jay Pritzker à Chicago que j’adore!). Ça promet !!

– Les beignets de chez Beiler’s Bakery dans le Reading Terminal Market. Littéralement, les meilleurs au monde !!

Lolita avec sa cuisine traditionnelle mexicaine! L’amoureuse du Mexique en moi fût illico conquise avec le Huachinango a la Veracruzana (une dorade que j’affectionne particulièrement « a la talla » sous les palapas mexicains) et les quesadillas à la fleur de courgette comme il se doit. ÇA goûte le Mexique à la mille !

– Les églises (ne pas hésiter à y pénétrer !), rues pavées et bâtiments de briques rouges de l’époque coloniale dans Society Hill.

Psitt : La ville et des organismes à but non lucratif travaillent depuis plusieurs années à un gros projet de transformation et création d’un parc urbain surélevé.  À l’instar du High Line newyorkais, Philly aura prochainement son parc le long d’un ancien chemin de fer. Des travaux commenceront en ce sens cette année.

**

Plogue : Vraiment heureuse d’être l’auteure d’un guide de la collection Escale, d’autant plus que les guides Escale sont une véritable révélation pour moi ! J’ai d’ailleurs souvent travaillé (guidé) avec ceux de Chicago, Toronto et Boston. Complets, concis et allant à l’essentiel pour une visite de quelques jours, ils se glissent aisément dans une poche ou un petit sac à main. En espérant qu’il vous soit éclairant et utile lors de votre séjour.

Je donne plus de détails sur le guide Escale à Philadelphie dans cette capsule vidéo :

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De la beauté. Pour la dernière et la première fois, Sophie Calle.

 

J’avais soif de mer.

Alors je suis allée à sa rencontre, la voir et l’entendre, avec des Stambouliotes qui eux la découvraient pour la première fois.

**

Au départ, cette phrase : « Je suis allée à Istanbul. J’ai rencontré des aveugles qui, pour la plupart, avaient subitement perdu la vue. Je leur ai demandé de me décrire ce qu’ils avaient vu pour la dernière fois. »

Et puis, cette vaste pièce blanche où se juxtapose sur ses murs des photographies de ces gens aveugles qui le sont devenus. Une dizaine de portraits accompagnés de textes où ces personnes nous relatent leur histoire quant à leur perte de vue et ce qu’ils ont vu pour la dernière fois. Pour l’un c’est le camion blanc avant cet accident de la route auquel il ne peut échapper ; pour l’autre c’est le lever de soleil sur la mer au réveil avant de perdre subitement la vue au cours d’une chirurgie risquée. Pour un enfant, c’est l’envol de la caille et le bond du chien avant l’accident de chasse. Pour un chauffeur de taxi, c’est le mafioso qui lui a tiré une balle de revolver sous l’oeil gauche pour ressortir au-dessus de l’oeil droit qui lui reste en mémoire.

La dernière image

D’entrée de jeu, Sophie Calle nous plonge avec La dernière image dans une réflexion pleine d’une tension palpable consciente quant à ces cécités subites. Et puis, elle poursuit son exploration dans un tableau intermédiaire, et qui se fait en quelque sorte pont, fil conducteur entre les deux expositions, intitulé Les Aveugles. Se pose alors la question de la beauté. Qu’est-ce qui évoque pour un aveugle de naissance l’image de la beauté ?

À même la première réponse fuse nette : « La mer. La mer à perte de vue. »

Voir la mer, Sophie Calle

Voir la mer, Sophie Calle

Voir la mer, Sophie Calle

Voir la mer, Sophie Calle

C’est donc de beauté dont il sera question dans Voir la mer. De beauté et surtout de première fois. On se trouve donc seul, ou presque, plongé dans le noir, parmi 9 écrans suspendus où sont projetées les vidéos de 9 personnes nous tournant le dos et observant la mer.

Et nous voilà témoins privilégiés et observateurs de cette première rencontre aux allures de première fois…

Ils sont pour la plupart assez en âge et ils n’ont pour directive que de la contempler ; ne l’ayant jamais vu, alors qu’elle se trouve pourtant si près, puis de se retourner au moment choisi face à la caméra.

Et tout se joue là, dans les regards troubles, dans les pupilles et sourires nerveux, ébahis, ou dans les silences révérencieux. Il n’y a rien d’autre, sinon tout, la plus belle des musiques, celle unique et impensable à imiter du déferlement des vagues qui s’entrechoquent et se déposent à leurs pieds.

Seuls, face à la mer.

C’est excessivement réussi. Troublant. D’une émotivité palpable. En tout simplicité, l’exposition de Calle se fait profondément percutante.

Instantanément, je me suis mise à pleurer.

 *

La pièce où l’on s’inonde de mer, et du trouble distinct et unique de cette première fois qui ne cesse d’être rediffusée en boucle, est un espace clos, sans aucune sortie. Il nous faudra donc revenir sur nos pas, remonter vers ce lieu où ces aveugles l’étant devenus se racontent.

Et puis, je me suis surpris à les observer autrement.

Je les trouvais déjà beaux.

Cette fois, ils l’étaient plus encore.

***

Sophie Calle, Pour la dernière et pour la première fois, Musée d’art contemporain, Montréal, jusqu’au 9 mai 2015.

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Raquette, spa et voyage symphonique avec Philip Glass

La neige tombe doucement sur ce matin de mars qui à peine commencé ne semble déjà pas finir. Il reste pourtant peu de temps pour profiter des belles journées qu’a à nous offrir cet hiver sibérien. Si peu d’heures d’ensoleillement cette année; février a franchi un record centenaire de froidure, vous avez dû l’entendre, vous aussi ? De mon côté, j’ai bien dû entendre une vingtaine de personnes l’évoquer seulement cette semaine ; impossible d’extraire le sujet de conversation de prédilection du Québécois moyen de son quotidien, surtout au terme d’un hiver qu’il a bravement traversé… N’empêche, les journées se rallongent tranquillement, nous reviendrons à l’heure d’été dès cette nuit et les terrasses, les mini-jupes et les sourires referont rapidement surface comme à chaque année au Québec.

À défaut d’avoir opté pour un billet d’avion, cela viendra, et bien rapidement, j’ai empoché deux billets de train vers Toronto pour le mois de mars. Une ville que je connais très bien dans ses rouages touristiques, je l’ai souvent guidé (sans exagération, j’ai dû monté la tour CN plus d’une quinzaine de fois… mouain, qui dit mieux ?), et je m’y rends à titre personnel ou par affaires deux à trois fois par année. Mais effectuant toujours le trajet en voiture, en autobus ou en avion, je ressens donc une certaine frénésie de prendre le train, loin tout de même de celle ressentie lorsque je parcourais l’Europe pour une première fois, comme elle me manque d’ailleurs celle-là, mais une légère agitation tout de même, enfin un brin de nouveau. Donc petite virée à TO, cette fois un objectif bien précis en tête : découvrir avec Roukie le nouvel aquarium Ripley’s. À cela, s’ajoute une soirée traditionnelle avec mon ami de longue date qui habite la Ville reine, au Wine Bar, par n’importe lequel, celui sur Church, à siroter quelques excellents vins de la vallée du Niagara notamment et déguster de superbes tapas tandis qu’on refera le monde et que Roukie s’endormira sur sa chaise …Peut-être bien aussi une visite du zoo ou du nouveau Legoland Discovery Center, mais certainement du temps à flâner dans les quartiers torontois.  On devra revenir, nous manquerons de justesse les matchs de pré-saison des Blue-Jays (jamais je n’aurais cru avec le temps m’intéresser au Baseball…)

Puis, arrivera rapidement avril. Voilà des années, depuis que ma fille est née en fait, que je passe mes printemps sur la côte est états-unienne. New York, Washington, Boston, Philadelphie (ma ville coup de coeur cette année dont je vous reparlerai prochainement lors de la publication d’un tout nouveau guide en français aux éditions Ulysse que j’ai fièrement écrit), la Virginie et Chicago, voilà en quoi ont ressemblé depuis cinq années mes semaines et week-ends printaniers. Guide-accompagnateur est un métier fabuleux, mais par moment bien ingrat où l’on travaille sans calculer ses heures, souvent plus de 18 heures par jour, et où le salaire dérisoire n’est malheureusement pas à l’image de la passion investie à partager nos connaissances culturelles et historiques quant à une ville et à déployer nos talents de coordination… Vous me direz qu’il en est ainsi pour bien des métiers… je sais ! N’empêche, je continuerai parfois à guider, mais plus de manière aussi intensive. Je souhaite plutôt me faire témoin de l’ailleurs de par mes pas qui fouleront de nouveaux lieux ou de par mon regard qui cherchera à apprivoiser cet ailleurs de par de nouveaux livres… à suivre.

***

DIMG_0605_2‘ici que la neige s’évanouisse complètement, voici deux sentiers pour raquetter testés et situés aux abords de Montréal. D’abord, le Parc régional des Sept-Chutes, le plus éloigné, à 1h30, où il est possible pour la première fois cette année de raquetter les sentiers enneigés.  Nous avons essayé la boucle du Mont Brassard qui se présentait comme un parcours intermédiaire de 8,5 km avec un petit dénivelé de 250m. La montée assez escarpée vaut l’effort avant d’atteindre le plus plat sommet qui offre à différents endroits une très belle vue sur la rivière Noire, le lac Rémi, les hautes collines de Saint-Zénon et le Lanaudière enneigé. On profite de l’immense quiétude et des sentiers bien peu foulés avant que ce nouveau repère ne devienne davantage connu. Fabuleux.

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IMG_0280Essayé plus tôt en janvier, le centre de ski de fond et de raquette de l’Estérel, Hors Limite, est situé quant à lui dans les Laurentides à une heure de Montréal. Davantage fréquenté, le centre propose quatre sentiers de raquettes niveau débutant et une douzaine de sentiers de ski de fond comptabilisant 35 kilomètres. La neige était tellement durcie lors de notre passage qu’on a carrément préféré parcourir les sentiers en bottes.

N’empêche, les sentiers au travers de la forêt Laurentienne sont agréables, les conifères abondamment présents. L’expérience doit être d’autant plus satisfaisante lorsqu’il y a une nouvelle tombée de neige et tôt le mâtin avant le passage de trop de raquetteurs. Jolis refuges chauffés, équipements disponible en location, j’y retournerai sans doute étrenner les sentiers en skis de fond.

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IMG_0745Au retour, on peut arrêter au Polar Bear’s Club à Piemont, un agréable spa qui bénéficierait sans doute d’être davantage éloigné de l’autoroute. N’empêche, bien aimé ma première expérience en terme de spa hivernal. Merci au vieil homme expérimenté qui nous a brillamment expliqué comment bien préparer notreIMG_0747 corps à la chaleur (temps d’exposition , endroit idéal où se positionner dans le sauna, trucs et conseils d’équipements) et qui a ensuite favorisé notre expérience de saucette dans la rivière gelée. Bien préparés, l’eau glaciale et les -25 degrés sont presque devenus agréables. Je déplore malheureusement qu’encore bien des spas ne prennent pas la peine de bien informer et préparer lors clientèle à leur expérience thermale. Les connaissances liées à la thermothérapie ne vont pas nécessairement de soi… Et les bienfaits de l’expérience s’en verraient par la suite certainement décuplés…

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Si la température le permet, j’envisage de grimper dans les prochains jours le majestueux Mont-Ham qui culmine à 713 m pour profiter de la vue panoramique 360 sur l’Estrie. Mais avant, j’ai un voyage de planifier… une date que j’espère depuis un bon moment. Dans le cadre de la programmation de l’OSM éclaté, Kent Nagano nous propose ce soir à Montréal un voyage en compagnie de l’artiste Philip Glass. Ayant écrit de nombreux textes en me laissant porter par son approche minimaliste unique, je ne peux que jubiler d’aller à la rencontre de ce grand, et si influent, compositeur de la musique classique du XXe siècle…Il interprétera notamment Mad Rush, sa célèbre et magistrale oeuvre qu’il joua lors du premier discours du dalaï-lama dans la cathédrale Saint-Jean le Divin, à New York en 1981… La voici :

Pssittt : Il n’y a malheureusement plus de billets pour ce soir, mais le concert de Philip Glass et Kent Nagano, Travels with Philip Glass, sera retransmis en direct sur Medici.tv à 21h heures. Et disponible ensuite durant trois mois.

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Foulées réflexives : par-delà les sentiers enneigés

Le temps s’est doucement écoulé depuis ce dernier billet d’octobre.

J’étais en dormance à effeuiller l’automneIMG_8713 et à éplucher un vieux roman. 10 années de travail à temps perdu qui tournait en rond, de l’attente et de l’oubli aux détours de rencontres et de phrases phares croisées au hasard, premier roman à me chercher et à m’y perdre, à pasticher les mots d’auteurs qui m’ont fait et puis défait ; il faut bien l’admettre. Et puis, le plus difficile, apprendre à jeter, près de 200 pages, à lâcher prise, à laisser derrière soi ce qui n’a peut-être plus lieu d’être. Dénuer le projet et le soustraire de sa notion d’échec. Donc jeter ou ranger quelque part les feuillets épars de ce premier jet trop retravaillé qui tournait passablement en rond et qui ne me parlait plus. Un vieux roman et une histoire d’amour de dix années qui le parcourait, entre attente, quête, oubli de soi et espérance. Romantique finie, vous dis-je.  Ainsi finir pour finir, vraiment ? Premiers sillons d’un apprivoisement, le plus important sans doute pour moi ; le mien. Et soudain prendre conscience que trop longtemps avoir l’imaginaire tourné vers le passé devient parfois trop lourd à porter pour l’être que l’on est devenu et qui cherche à avoir le regard rivé sur le présent.

Jeter le roman, et à la fois l’indicible romance qui le parcourait, pour faire rejaillir le désir de créer, autre chose, autre part, avec de la peinture, des bouts de bois ou de vieux cailloux rouillés, peu importe. Peut-être bien des mots. Créer de l’espace pour permettre de faire naître autre chose, tout comme on doit apprendre à s’autoriser le temps de rêvasser pour laisser jaillir les premières esquisses d’un nouveau projet. Créer de l’espace, c’est aussi balayer de vieux sentiments qui ne mènent nulle part.

IMG_9028Depuis octobre, les Îles et Chicago, il y a eu Samana en République Dominicaine. Surtout, des éclats de rire entre copines de longue date. Du temps précieux à y faire des mots croisés, boire de mauvais drinks et embrasser la Mama Juana, ses effluves de rhum et de cannelle ainsi que ses effets. Sceller des amitiés. Et flirter brièvement avec une province où les cocotiers et les montagnes pullulent, loin de la sauce touristique dominicaine et du plus laid, ce très laid que l’on n’aime nommer, qui parfois l’accompagne.

Il y a eu le froid et trop peu de belles neiges pour la marcheuse et contemplative que je suis.

Des silences.

Et des mots égarés au creux de novembre.

Il y a eu l’inattendu. La peur d’autrui et son incapacité à la braver. Une vieille peine que j’ai dû cesser d’étendre sur les papiers maculés. L’impuissance ou son corollaire. Dans la puissance : l’acceptation.

Il y a eu ce vaste appartement où depuis trois ans je m’enracine. Et cette petite bête à apprivoiser. Une allégorie facile et évidente de cette part sauvage qui me fait et de cette artiste découverte, plutôt acceptée, sur le tard. Il y a eu des airs tendres. Beaucoup de mélancolie pianotée doucement sur les touches d’un clavier.

Il y a eu de la grisaille et de la folle neige. Une enfant qui tournoie dans ma cour et qui rit aux éclats la bouche grande ouverte et tendue vers le ciel. J’ai installé mon bureau et mon chevalet près des fenêtres. Voir l’hiver se faire tranquillement un petit nid, tandis que je rêvasse toujours farouchement de mer qui lèche tendrement mes pieds, m’est bon. Ce besoin, comme une soif, ne se tarira donc jamais.

Il y a eu ces centaines de bouts de textes perdus épars dans mon ordinateur comme des notes oubliées sur un clavier. Trop de cahiers emplis durant les dernières années où je m’adressais ainsi à ce « tu ». Et puis décembre où j’ai jeté des tonnes de « tu » qui n’en sauront jamais rien. C’est sans doute mieux ainsi.

Il y a eu du temps. Et de la retenue. Cette idée de transparence avec laquelle je jongle aussi ici ou s’entremêle ma quête de moi-même et mon désir d’espaces. Et puis, réaliser ; cette impossibilité de totalement pouvoir y répondre à cette envie de transparence.  Tout ça en jonglant avec l’idée de conserver cette carte de visite comme un ultime espace de liberté.

Car même si je me sais nue, entière ; Et cendrée.

Je peux par moment être beaucoup trop fragile pour entièrement me dévoiler ici.

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Il y a eu cette phrase de Bélanger croisée aux détours de ma première grande peine d’amour il y a plusieurs années.  Combien de villes ainsi foulées où je n’étais jamais au rendez-vous ? Cette phrase que j’ai entendue en boucle dans ma tête, le soir dans les chambres d’hôtels de plusieurs villes. Et cette nécessité qu’est l’arrêt pour permettre à la collision avec soi-même de se faire. Faire jaillir ce désir de construire. Il y a eu mon besoin d’ailleurs qui prend soudain un tout autre sens. Dénué de fuite et d’égarement, espérant plutôt favoriser la rencontre et autrement la mouvance. Peut-être moins voyager. Pour mieux m’y poser. Sans s’essouffler. Ou voyager autrement. Même en guidant des groupes, j’ai toujours été seule dans mes errances. Une envie de partage qui soudainement a jaillit.

Et puis, il y a eu la peur. Et le doute à même la conscience. J’ai laissé la porte ouverte aux regards de lecteurs ici, dévoilant de l’intime à demi-mot. Des parcelles de fragilité. Une approche du voyage, de l’ailleurs ou de l’errance intime et par moment mal assumée. À nouveau, braver le regard de l’autre. Ne pas tenter de plaire. Comme on doit parfois apprendre à trouver le courage de rester.

C’est toujours ainsi lorsque je traverse l’hiver. Je le vis comme on vit un deuil, dans ma nature de vagabonde, de poète.

Faire son deuil. Traverser sa douleur.

*

Janvier. Et la dichotomie sourde qui se pointe le nez à nouveau. L’envie forte d’aller chercher des histoires d’ailleurs et d’emplir mon baluchon de bouts d’autres vies à raconter. Et cette tentative de se faire adulte. Apprivoisée. De me glisser dans ce qu’on concède du côté de la « normalité ». Vie normale. Un boulot de 9 à 5 deux jours semaine, faut pas charrier tout de même avec les contrats. Et puis me laisser du temps pour créer. Rêver de nouveaux rêves. Des rêves à en plus finir, disait Brel. Toujours cette impression d’en avoir trop portés. 

Je prends le temps, me refuse à la routine ou me mets à rêvasser dès que j’y glisse malgré moi.

Je rêve de rizières et de vert maculé.

Jeter. Jeter. Jeter.

Ça vient par phase. Cyclique, en quelque sorte. Bien souvent après le 1er janvier. Et tout d’un coup, je me fais véritable maîtresse de maison (j’ai acheté une nouvelle balayeuse, des produits ménagers, fait le tri de vêtements, mis un peu d’ordre dans les papiers. Pas trop. Mais de l’ordre, quand même.)

Jette. Nettoie. Donne. Ce qui n’est plus. Ce qui n’a plus lieu d’être.

Et puis au moment où je crois m’assagir, aux prises avec la routine quotidienne qui me prend et me tient dans ce « quelque chose » qui fait bien drôlement l’unanimité, elle me perd soudain cette routine.

Je m’y sens perdue, effarée.

Traquée.

image1En urgence, je ressors la valise et le sac à dos rangés dans le garde-robe pour les laisser trainer au beau milieu de ma chambre. Il me faut me remettre à marcher, raquetter par temps froid, initier et instaurer la mouvance … À défaut de bouger pour un moment, redevenir cette boulimique de livres, de l’ailleurs. Donnez-moi de l’ailleurs et du rêve ! Je me surprends à me retrouver avec un magazine sur l’Arizona entre les mains, avoir acheté impulsivement un livre qui trace le portrait de la femme aventurière, lire des articles un peu partout teintés de Vietnam ; trop longtemps que je rêve de Vietnam. Et puis me surprendre à toucher du bout des doigts la peur d’acheter un vol vers l’Asie avec tous ces avions engloutis depuis les derniers mois…

Je me retrouve finalement au même point avec cette urgence d’écrire et d’ailleurs qui me tenaille, qui ne semble pouvoir être assouvi que de par les livres qui ont si longtemps nourri mes déambulations immobiles. Mes rêveries d’ailleurs, naïves et enfantines.

Trouver des prémices de réponses dans un bouquin consacré aux aventurières contemporaines : « Quelque chose d’autre a commencé pour elles, une activité qui n’est ni de loisir ni vraiment professionnel, située entre-deux, « hors des rails » et qui consiste d’abord à se mettre en mouvement. »

« Chacune est fermement décidée à faire « usage du monde », à sa manière, à se frotter aux peuples de la planète, à se laisser faire par le voyage. Chacune est aussi consciente qu’au retour, il lui faudra se reprendre, revenir à soi, aux siens, surmonter un sentiment de décalage et un certain mal-être qu’elles connaissent depuis l’adolescence. »

Ouf.

Je suis ce cocon.

Cet entre-deux.

Et puis, au détour d’une tempête, je me remets en mouvement. J’apaise l’envie d’ailleurs qui a ressurgi dans chaque sentier enneigé. Et je me résous tranquillement devant l’impossibilité de la faire taire.

J’apprends peut-être enfin à la tempérer.

Autrement.

Et c’est très bien ainsi.

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Chicago en quelques clichés …

J’aime découvrir une ville sous différentes saisons.

Quant à moi, New York n’est jamais aussi belle qu’à l’automne et possède un charme indéniable l’hiver lorsque la neige se pose furtivement sur les branches des arbres pour disparaître le lendemain à Central Park. Je n’ai connu Paris qu’au printemps et en été, et je ne sais pourquoi, mais j’aimerais l’apprivoiser pluvieuse et froide. J’adore Boston et Vancouver au début de l’été. Washington n’est jamais aussi belle que sous les cerisiers en fleurs vers la fin du mois de mars et au début d’avril.  De même pour Philadelphie qu’on méconnait et où les cerisiers fleurissent dans le plus grand parc urbain des États-Unis, Fairmount Park, à la même période.

Je n’avais vu Chicago que sous l’aspect mélancolique qu’amène la pluie et une trop grande froideur pour un mois d’avril. J’étais donc bien heureuse d’y mettre à nouveau les pieds quelques jours en septembre. Bien que certaines journées étant fraîches, j’ai pu apprécier quelques vues uniques qu’offrent la ville des vents, -surtout ne vous méprenez pas sur le sens de ce surnom, il ne vente pas plus à Chicago qu’à Boston-,  au début de l’automne.

La voici donc en quelques clichés Instagram captés ça et là au cours des deux brèves journées que j’y suis passée…

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Quelques incontournables de cette magnifique ville : la croisière architecturale sur la Chicago River, l’époustouflant point de vue du Skydeck de la Willis Tower, Dearborn Avenue ponctuée de ses immenses oeuvres d’art, évidemment Millenium Park et une partie de baseball au Wrigley Field en dévorant un Hot Dog Chicago Style !

Je m’y suis rendue en autobus avec un groupe que je guidais. Les 18 heures de trajet à partir de Shawinigan étant plutôt intenses, un arrêt s’imposait. Voici donc, en bonus, une intéressante vue sur Détroit, directement captée de la chambre de mon hôtel à Windsor, en Ontario …

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Se faire sculpter par la mer et le vent…

Je suis une grande amoureuse. Amoureuse des gens, des mots, de rochers comme de bouts de cailloux. De vastitude, d’espace à m’y perdre. D’air salin, avec évidence.

Malgré tout, malgré cette propension tendre et romantique qui me fait, cette fille peut-être un brin naïve et écervelée de trop aimer sans avoir pris le temps de connaître, aime en général sans détour, sans condition, au même titre que je réponds à mes envies intensément. Un cœur vaste, immense, je le dis en toute humilité à force d’avoir pardonné, tout et évidemment trop, qui apprend depuis qu’il trébuche à poser tranquillement ses limites. Poser ses pas autrement. Mais surtout, n’essayez pas de doser ou d’enlever la propension « intensité » dans une personne passionnée, voilà bien le moyen le plus efficace pour qu’elle s’éteigne à petit feu.

un grain de folieMalgré cela, j’y ai toujours cru et j’y crois toujours, les élans du cœur ne démentent pas. On choisit d’aimer, de construire une relation ou non, d’aller puiser dans la rencontre l’équilibre, du moins on l’espère, qui se fera le plus en accord à nos valeurs, intrinsèques les valeurs, et tendra vers un tout harmonieux. Au-delà de tout compromis, de cette dichotomie sourde parfois entre le cœur et l’esprit, il y aura toujours ces moments où l’on aime sans détour, où il ne peut en être autrement. Je tergiverse simplement pour constater que ces élans du cœur ne se contrôlent pas. Et que bien que profondément amoureuse et rêveuse, j’ai toutefois rarement éprouvé un coup de foudre. Encore moins pour une destination.

Vous savez, lorsque s’applique l’expression « tomber en amour », littéralement? Voilà sans doute la sensation de vertige la plus proche que j’ai éprouvée quelques minutes après être descendue de l’avion à Havre-aux-maisons, il y a maintenant cinq années.

***

À mon grand bonheur, j’ai renoué brièvement la semaine dernière avec ce petit archipel de 12 îles sises au beau milieu du golfe Saint-Laurent. Un archipel qui m’avait séduit presque instantanément ; qui se profile des airs comme un hameçon fragile et qui l’est d’autant plus de par les vents, l’eau et le manque de glaciation l’hiver le long de ses côtes qui ne tend plus à protéger ses flancs. Depuis plusieurs années, les magnifiques falaises de grès rouge aux tonalités d’Écosse et d’Irlande s’y effritent de manière alarmante à cause de l’érosion. Ce sont elles qui créer en grande partie le sable et ces dunes reliant les îles entre elles; le quartz étant lavé par l’eau de mer, il perd de sa propriété d’oxyde de fer pour revenir s’échoir en cordon sablonneux aux accents blonds.  Ainsi, tandis que les falaises s’effritent et les îles tendent à diminuer en superficie, les dunes blondes nouvellement créées protègent entre autres la nappe d’eau douce d’une contamination par l’eau salée.

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Ces petites îles, qui ont surgi de l’eau par une poussée des dômes de sel sur lesquelles elles reposent, s’affichent avec des noms poétiques et évocateurs du relief, de la flore et de la faune environnante : l’Étang du Nord, Pointe aux Loups (le loup-marin, on s’entend), Cap aux meules, le Rocher aux Oiseaux, la Grosse Île, l’Île d’Entrée pour n’en nommer que quelques unes, comptent tout autant de dérivés du dialecte madelinot et se partagent 202 kilomètres carré qui tendent continuellement à rétrécir.

DSC_1392L’archipel évoque avec évidence ce charme particulier de la vie d’insulaires véhiculée par des films tels que La Grande Séduction. Avec ses maisons colorées qui servaient de repères aux pêcheurs et qui ponctuent ça et là les magnifiques paysages, les îles parlent nécessairement à l’artiste en soi ; pas étonnant qu’elles foisonnent de créateurs qui transforment les roches, herbes et bouts de bois pour en faire des objets d’art. Cinq années où je rêve depuis en secret de m’y installer un jour l’espace d’une année ou deux  question d’amasser à mon tour cailloux et bouts de bois de mer le long de la grève. Sentir ma chevelure s’emmêler longuement dans le vent madelinien et camper quelques jours dans les dunes dorées sans ne croiser personne; y observer la cadence de l’ammophile, cette plante si essentielle à l’île dont les rhizomes emprisonnent le sable et préservent ainsi les dunes, danser durant une journée entière. Me contraindre l’hiver venu à jouer à l’artiste chez moi, une sorte d’exil créatif pour peindre, bricoler, rafistoler, évidemment écrire.

« Je ne les comprends pas ces gens qui ne cessent de nous demander qu’est-ce qu’on peut bien faire ici l’hiver ! Voyons, je ne trouve jamais le temps de m’ennuyer ! On se fait des soupers entre amis, se raconte des histoires, je bricole sur la maison, etc.», s’exclame l’excellent et attachant guide Léon Poirier. Je ne peux qu’abonder et envier ces hivers blancs et loin de la grisaille montréalaise. Ils y sont d’ailleurs très doux, les Îles étant l’endroit au Québec ayant le moins de journées de gel dans une année…

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Effectivement, il faut aller aux Îles pour en saisir le charme indéniable me confirmera d’un commun accord le groupe que je guide et j’accompagne … DSC_1385Ce n’est qu’en s’y rendant qu’on comprend réellement en quoi ses paysages de cartes postales séduisent. Il faut y aller aussi pour déguster le hareng fumé du Fumoir d’Antan, le seul qui subsiste des 18 fumoirs qui se trouvaient auparavant sur l’île. Pour siroter une excellente Terre d’écume, ma préférée, et les autres très bonnes bières de la Microbrasserie À l’abri de la Tempête. Pour l’excellent café du Moussonneur, dont les grains de café vert sont d’abord trempés dans l’eau de mer, puis séchés au soleil avant d’être torréfiés.  Pour déguster un repas convivial à la terrasse des Pas Perdus à Cap-aux-Meules en regardant les voitures défilées sur la route Principale alors qu’elles viennent tout juste de descendre du dernier traversier. Ou pour y palper la vie artistique autrement, dans cette salle intime où j’ai eu la chance d’assister à un des meilleurs spectacles de Patrick Watson à vie, assurément. Pour rencontrer ces insulaires créatifs le long de la Grave, s’y procurer de l’huile de Calendule à l’Anse aux Herbes, aller polir un bout de caillou à l’atelier du Limaçon ou laisser les artisans du monde venir à soi à la boutique du Globe-Trotter. Pour observer un unique et splendide coucher de soleil à Belle Anse. Tirer une cage à homard avec Excursion en mer. Nager avec les phoques près de l’île du Corps Mort avec l’équipe de l’Istorlet, quel beau moment !  Ou simplement fraterniser avec ses habitants charmants et si accueillants au Café de la Grave, auprès de la propriétaire et de son accordéon et d’un client s’improvisant pianiste.

Mais surtout, il faut aller aux Îles pour prendre le temps et l’observer. Tenir au creux de la paume de sa main une poignée de sable et regarder doucement les grains s’écouler.  Longer le littoral, lentement, puis se faire à notre tour falaise de grès rouge. Et, à l’instar de celle-ci, saisir et vivre quelques instants cette évidente allégorie des vagues et du vent qui ne cessent de façonner à leur guise ce fragile environnement. Pour finalement se ramener un moment à notre petitesse et notre essence : sentir fortement que même si l’on tente vainement de les dominer, nous aussi on se fait sculpter par la mer et le vent…

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Lectures d’Îles :

– Le livre d’Alexandre Chouinard, Un pied à terre en mer aux Îles de la Madeleine aux Éditions de la Morue verte. Des récits et chroniques imagées et colorées relatant, entre autre, l’acclimatation et le premier hiver d’un médecin de famille qui s’installe aux Îles avec sa copine. Pour mieux comprendre et savourer le quotidien entourant la pêche au homard, l’importance de la mine de sel, la parlure, etc., l’ouvrage foisonne d’anecdotes savoureuses. Adorable !

– La galerie-boutique et salon de thé Le Flâneur à l’Étang-du-Nord présente les poupées uniques et fortement expressives de l’artiste Arthure, Pierrette Molaison, qui est également propriétaire des Éditions du Flâneur. La maison d’éditions propose les « Carnets pour Flâner » qui mettent de l’avant différentes destinations au Québec. Celui sur les Îles-de-la-Madeleine est original et coloré, avec les aquarelles de Molaison, et les textes d’Hélène Chevrier relatent différentes anecdotes relatives à plusieurs lieux et attraits des Îles.

– Les Éditions Ulysse ont publié cette année une toute nouvelle édition de son guide sur les Îles. Écrit par Jean-Hugues Robert, le guide est bonifié des coups de coeur de Madelinots reconnus. C’est le seul guide de ce genre qui est entièrement consacré à cette destination.

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Réflexions lors d’une balade aux Iles de la Madeleine

Je n’ai ni routine, ni REER. Encore moins de placement. Aucune « sécurité », quel drôle de terme qui ne veut rien dire…, d’emploi. Ni aide quotidienne, ni maison. Je mène une vie d’artiste à ma façon, décochant ça et là contrats qui me parlent et m’interpellent. Où peut se faire ressentir mes passions. Des bouts d’écume, de flore et tout autant de balades de ruelles.

Devant ce bout de mer, je sais pourtant que m’accompagne l’essentiel: une petite complice vive et allumée qui m’attend, partage ma route et trace tranquillement déjà les premiers sillons et les premières foulées de son propre chemin. La liberté. Sauvage, farouche, intense, vraie et constamment à définir, et redéfinir, selon nos envies profondes et aspirations. L’intuition aussi. Et la certitude de s’être soustrait de l’inutile importance accordée au regard de l’autre dans ses choix. J’ai, aujourd’hui, les poches emplies de cailloux aux tons colorés. Et maintenant, ce simple et parfait bout de bois de mer que j’ai trouvé tout près sur la grève, un peu comme s’il m’attendait. Je le rapporte avec moi.

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À mon sens, et bien humblement, ce qui sans doute se rapproche le plus d’une définition d’un grand bonheur. Très grand le bonheur.

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Les rives écarlates de la Pointe-Taillon

Il y a de ces endroits fabuleux qu’on découvre et face auxquels par la suite on demeure hésitant. On jongle avec l’idée de les garder au creux de soi comme un mystère, les conserver égoïstement pour qu’ils demeurent presque déserts pour le moment où on y retournerait, afin que le tourisme n’y pullule trop et gâche ainsi le charme de la destination.

J’ai ressenti un brin ce dilemme en découvrant un tronçon de la longue rive sablonneuse ceinturant la partie sud du Parc National de la Pointe-Taillon. Un petit tronçon puisque le parc est comme une péninsule qui longe le Lac St-Jean sur 18 kilomètres pour border par la suite la rivière Péribonka sur presque tout autant au nord. Cet instant où tu te dis également « mais comment donc ce parc entretenu par la Sépaq n’est pas davantage connu ? » (du moins de mon point de vue de fille montréalaise).

Il ne faut surtout pas se limiter à la plage Taillon, une blonde plage surveillée, image001pour explorer le parc. Même si elle y était quasi déserte lors de mon passage, je peux également l’imaginer un brin plus bondée lors des canicules. Du moins, je me dis que ceux qui y passent la journée sans aller un peu au-delà manque réellement quelque chose et commettent une erreur. Il faut au moins aller vers l’ouest, en marchant ou en vélo, pour se rendre à la hauteur des campings rustiques de 2 à 5 kilomètres plus loin (et idéalement y camper.) pour découvrir une rive où les filons colorés de sable se chevauchent. Je n’exagèrerai presque pas en écrivant qu’à un moment j’ai ressenti cette impression de me retrouver sur les plages blondes, noires et cuivrées de la côte caraïbéenne du Costa Rica. Les palmiers en moins, on s’entend. Des bouts de mer, j’en ai vus de toutes sortes. Mais des bouts de lac de ce genre au Canada, bien peu.

DSC_0700Sur 15 kilomètres, le sable de la Pointe-Taillon est constitué de minéraux semi-précieux amenés par la rivière Péribonka qui lui donnent à la plage un très joli un aspect cuivré et violacé. Grenat, zircon, magnétite, autant de minéraux semi-précieux qui s’entremêlent et qui forment un sable fin et octroient à l’endroit un caractère unique. Les campings rustiques qui longent la rive ne sont pas accessibles en voiture. On s’y rend donc à vélo, à pied ou en embarcation. Si personne, ou presque, n’est dans les parages vous éprouverez peut-être cette sensation de bout du monde.

L’environnement de la presqu’île paraît fragile et elle l’est. L’eau du lac étant maintenue élevée à l’automne, cela contribue d’autant plus à accentuer l’érosion des berges. On trouve également dans le parc dunes et tourbières ainsi que des castors et des orignaux qui y vivent. Il s’agit d’ailleurs d’un des endroits au Québec où la concentration en orignaux serait la plus forte.

Bref, j’étais renversée de découvrir ce petit coin de paradis du Québec. Et je me suis promis d’y retourner et de camper directement sur la plage (oui, on peut dans le premier secteur !) et de m’endormir au son des vagues de cette étonnante mer intérieur qu’est le lac Saint-Jean.

Pratico-Pratique :

-À l’entrée du parc, des remorques permettent de transporter le matériel de camping.

-Ceux se trouvant sur le bord du lac Saint-Jean se trouvent non loin, entre 2 et 5 kilomètres, et comportent des point d’eau (non potable, faites vos réserves !) et toilettes sèches.

– Le Camping Pointe-Chevrette, à 20 km du stationnement secteur Taillon ou à 11 km du stationnement secteur Sainte-Moniqu, ou à 1.5 km de la marina de Péribonka, se trouve aux abords de la rivière. Il est également possible de se rendre sur l’île Bouliane pour y camper (un petit point de paradis, m’a-t-on dit !) 5 km nautiques de la marina de Péribonka,

-À partir de la plage surveillée, il est possible de louer des embarcations, canot, kayak de mer et récréatif et Stand-Up Paddle, ainsi que des vélos.

– 45 kilomètres de pistes cyclables traversent le parc ! Enfourchez votre vélo !

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Pour plus d’informations, consultez le site de la Sépaq

Merci à Hugues Ouellet d‘Équinox Aventure pour la belle découverte et à Tourisme Saguenay Lac St-Jean !


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Rencontre avec l’inattendu au Saguenay-Lac-St-Jean

Je me suis rendue au Saguenay-Lac-St-Jean un peu comme on se rend à une première date. Curieuse et me prêtant au jeu de Tourisme Saguenay-Lac-Saint-Jean qui nous y invitait, sans nous mentionner ce qui nous attendait.  Sans attente réelle, sinon peut-être oui l’espérance secrète d’être séduite.  Les rencontres impromptues agissent souvent ainsi chez moi, celles trop orchestrées beaucoup moins.

Contrairement à tout voyage où je me fais auparavant boulimique de lectures quant à l’histoire d’une destination, j’ai choisi délibérément d’effeuiller que brièvement les grandes lignes de cette région. J’avais envie de la découvrir et de l’apprivoiser autrement, sans idées préconçues, laissant un peu libre cours à mes envies.  Bonheur, la tournée mystère à laquelle je participerais était conçue ainsi, nous dirigeant à travers la région par des missions et défis à relever, mais laissant place aussi à nos élans et intérêts respectifs. S’y trouvait place pour l’inattendu, l’improvisation et le charme de la pure découverte.

Je me suis donc prêtée au jeu. Et la magie a opéré.

*

D’emblée, longuement rouler en voiture à côté de paysages campagnards dignes de cartes postales fut douceâtre pour les yeux. On a envie de s’arrêter constamment en bord de route, d’attraper au détour quelques clichés de ces granges, magnifiques champs jaunes vifs et balles de foin qui ponctuent le paysage un peu partout. Prendre le temps et l’arrêter.

Après une première nuit à la toute nouvelle et jolie Maison du Matelot à Alma, devant un port de plaisance paisible au petit matin, et un excellent souper chez une très belle table où la qualité du repas était irréprochable, Rose & Basilic, nous avons entamé le tour de ce plus grand lac habité au Québec.

Rencontre avec le loupL’esprit un brin aventurière, ma première mission m’a conduit au Parc Mahikan, un centre d’observation du loup, où on trouve tant des meutes de loups gris qu’arctiques, qui se trouve au cœur de la forêt boréale, à Girardville…

La suite sur le blogue de Tourisme Saguenay-Lac-St-Jean.

 

 

* Ce billet personnel a été écrit après une tournée mystère orchestrée par l’office du Tourisme du Saguenay-Lac-St-Jean. Ce sont bien mes impressions à vif et elles n’ont en rien été dirigées. Des détails et critiques plus constructives rejailliront certainement dans d’autres billets et articles. D’emblée, un coup de gueule soulevé par Marie-Julie Gagnon est venu faire écho à mes notes : quelle tristesse cette quête titanesque à trouver un bon café en région …

** Vous pouvez lire mes comparses du #Blogtripsaglac sur #MTL_Instantané et Taxi-brousse.ca

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Prémices de récits saguenéens

Assise devant l’ordinateur je cherche les mots, tentant de repousser l’envie de conduire encore et encore qui me tenaille. L’envie de voir le paysage changeant se défiler sous mes yeux, agir telle une caresse sur la rétine. J’aime le mouvement. La contemplation aussi. Mais comme j’aime le mouvement.

J’ai envie d’écrire, me lève, tourne en rond, reviens vers l’ordinateur, me relève à nouveau.

Un trop-plein, beau le trop-plein.

J’ai des notes éparses à démêler, partout, dans mon téléphone et sur un carnet à compiler, beaucoup trop de documentation amassée ça et là, des articles à écrire. Une voiture pleine de bouts de bois, de sable, de brins d’herbe, de roches et de plumes d’oiseaux. Des souvenirs. Tout autant de fous rires qui retentissent dans ma tête.

Découverte de l’étonnant Lac St-Jean et du majestueux Fjord du Saguenay la semaine dernière. J’en reviens la tête pleine de souvenirs avec beaucoup d’expériences qu’offre la région à partager. Et je prends auparavant quelques jours pour décanter, apprécier ce beau trop-plein qui se traduit par le fait de vivre beaucoup et intensément en peu de temps. Ravie et heureuse d’avoir enfin découvert ce coin du Québec que je ne connaissais pas encore.

Un voyage réussi ne tient en rien à la longueur ou la distance parcourue, mais bien de par les rencontres impromptues, en ce qu’on y puise ou encore de par son intensité.

En voilà un plus que réussi.

Magnifique Lac-St-Jean

Magnifique Lac-St-Jean

Majestueux Fjord du Saguenay

Majestueux Fjord du Saguenay

Début du Fjord à la hauteur de Saint-Fulgence

Début du Fjord à la hauteur de Saint-Fulgence

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Sillons de routes québécoises et mystère saguenéen…

J’adore rouler. Longtemps.

Si ce n’était du prix de l’essence et de ma nécessité d’avoir un ancrage à Montréal pour ma fille, je roulerais du lever du jour à la tombée de la nuit, très à l’aise avec cette idée de vie de bohème que je pallierais sans doute par de longs ancrages campagnards ou de mer. De longs trajets ne me font pas peur, ne m’arrêteront sans doute jamais. Encore moins la présence de ma fille, qui s’acclimate et suit la cadence. N’empêche, je rêve secrètement de repartir seule en cavale un jour, longtemps, avec pour tout compagnon un carnet d’écriture et mon réflex. Je pourrais alors m’arrêter partout, photographier tout ce qui me plait, sans sentir une inutile pression de temps qui fuit et qui presse. Sans compromis.

Littoral gaspésien

J’ai beaucoup roulé au cours des dernières années au travers du Québec. Pas que je prétends tout le connaître, au contraire je ne cesse d’être séduite par ses richesses et de m’étonner de ces recoins si près que je méconnaissais. Justement, hier, c’était un tronçon du Chemin du Roy, la plus vieille route terrestre du Canada, que je découvrais entre Bastican et Deschambault.

Je connais assez bien la Gaspésie, assez pour la rêver secrètement lorsque l’envie de mer et de littoral rocailleux se fait ressentir. J’ai fais la boucle plusieurs fois, seule ou avec ma fille, simplement pour le plaisir de rouler, d’humer l’air salin et de contempler le paysage rocailleux de mer et de grèves. S’arrêter dans chaque petit village, y boire une bière ou un café en laissant mon esprit se faire contemplatif et rêvasser. Quel bonheur ! J’ai adoré plusieurs fois le Bas Saint-Laurent, Kamouraska et ses vastes champs, magnifique!, Saint-Jean-Port-Joli et son joli village, Sainte-Luce-Sur-Mer et sa grève. Été me reposer maintes fois dans les Cantons-de-l’Est, Magog, Eastman, Mégantic, le lac Brome, North Hartley… Y ai fait de la randonnée ou cueilli des fleurs médicinales, dans mon autre vie d’amoureuse de plantes. La Montérégie, où j’ai grandi, les fins de semaine à marcher dans le Mont Saint-Bruno, à y gratter la guitare sur le bord du feu et prendre des bains de minuit dans ses lacs avec mes amis d’enfance. Sillonner les sentiers sauvages qui partaient à l’époque presque de ma cour et qui beaucoup trop rapidement se sont développés et tristement devenu un secteur embourgeoisé. Montréal que j’apprivoise depuis quelques années et Laval dont j’ai appris à découvrir d’autres facettes récemment, notamment en pratiquant le bateau-dragon sur la rivière des mille-iles.

Les Laurentides et ses chalets, où je vais fréquemment depuis mon enfance, Saint-Donat, Sainte-Marguerite du Lac-Masson, le Lac Supérieur. Et Lanaudière et son festival, Saint-Alfonse-de-Rodriguez où on allait se baigner dans la rivière. L’Outaouais que j’ai toujours envie d’approfondir. Le Centre-du-Québec maintes et maintes fois exploré et cette jolie fermette où j’ai travaillé durant un été avec Roukie alors qu’elle était bébé et où j’ai exploré les terres plus profondes et agricoles. Charlevoix où j’ai dormi sur ses quais.

Finalement, les Îles-de-la-Madeleine dont je suis instantanément tombée amoureuse.

Où demain matin je vivrai, sans hésiter, même lors d’hivers rigoureux où je pourrais enfin dans mes rêves m’enfermer longuement et écrire.

*

Vous l’aurez compris, les espaces naturels et verts exercent sur moi un baume bienfaisant. Peut-être autant que la mer. Pas pour rien qu’à chaque peine ou grande blessure, l’hypersensible en moi s’y réfugie et répond à un appel. Mon p’tit côté « femme sauvage » à la Pinkola Estés. Avec un enfant, cet aspect solitaire de ma personne apprend à se mouler, à négocier. À la contemplative, j’amalgame de plus en plus une fille qui se doit de par sa nature de mère et de guide de participer de plus en plus aux activités qu’offre cette vaste nature. Et j’y découvre de grands bonheurs.

Une bien belle escapade ce matin se profile donc pour Roukie et moi. À découvrir le Saguenay-Lac-St-Jean, le majestueux Fjord et la Côte-Nord (du moins, le début) dont je ne sais absolument rien et que je rêve de découvrir depuis des années. Je n’ai vraiment aucune idée comment me représenter Saguenay, Saint-Félicien, L’Anse-St-Jean, Desbiens, Dolbeau, Girarville, Pointe-Taillon, etc. Pas même une image, si c’est celle d’Alma que j’ai entrevue une seule journée il y a quelques années lors d’une tempête de neige. Curieuse, j’ai d’abord lu un brin, puis je me suis résignée, participant à une tournée mystère pour découvrir la région du Saguenay et désirant garder en tête cet esprit d’inattendu et de découverte. Mais j’ai le pressentiment que je risque d’être séduite, avec la certitude que tout ça m’intrigue et m’interpelle depuis longtemps déja…

On quitte donc ce matin la magnifique île d’Orléans (dont je parlerai prochainement) Roukie et moi trépignant toutes deux d’impatience à l’idée de se retrouver au Saguenay Lac-St-Jean d’ici quelques heures.

Je me prêterai donc à l’aventure avec cette douce et belle sensation de me livrer à l’inconnu chez moi. Suivant un itinéraire mystère dont je ne sais rien et qui parle tant à la fille aventurière.

Avec pour tout bagage, mon jeep, mon vieux sac-à-dos, une tente à 9.99$ (ben quin !) ma fille et sa valise à roulette.

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Note : J’avais envie d’intégrer un lot de photographies du Québec prises ça et là au cours des derniers années, mais publiant mon premier billet de mon cellulaire, j’apprivoise l’application et ses limitations …

Je découvre tout juste par le fait même les joies de Instagram. Vous pouvez maintenant m’y suivre, tout autant que sur Twitter et Facebook.

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De l’éloge de la lenteur …

J’admire les personnes qui réussissent à pondre plus de 2 billets par semaine, même si je n’ai pour ainsi pas le temps d’en lire aucun. D’abord, parce qu’il y a beaucoup trop de monde dans cette blogosphère, que l’information pullule de partout et qu’on ne sait plus trop quoi en faire tant elle est produite prestement et de tous côtés et tant nous avons tous envie d’y ajouter notre petit grain de sel. J’aime tout de même tomber de temps en temps sur des billets qui se démarquent, se distinguent de par leur qualité ou la pertinence de leur sujet. N’empêche, les prolifiques m’impressionnent et je cherche à comprendre où trouvent-ils tout ce temps.

Je culpabilise et je me dis donc que je n’alimente pas assez cet espace comme je le souhaiterais, espace que  je souhaite pourtant libre et transparent, d’autres projets m’en tenant à l’écart, la nourriture du corps devant malheureusement trouvé le moyen d’être parfois comblé avant celle de l’âme. On doit le faire cet espace, créer le temps pour l’écrit, le protéger farouchement, tout autant qu’une mère se fait instinctivement protectrice. N’empêche, la réalité, celle plate et loin du vagabondage, la réalité avec un grand R qui nous sert aussi d’excuse lorsqu’un rythme quotidien tranquillement s’est installé dans nos vies et qu’on n’ose plus le briser, la réalité donc nous rattrape tandis que la liste de projets ne cesse de s’allonger. Non seulement une question de choix et de priorités sans doute, mais aussi de réalité physique. Trouver cet angle fin et tenu entre désir et réalité et s’y poser. Le propre de tout artiste.

Si vaine culpabilité.

Et puis je cesse de me taper sur la tête, observe de plus près MA réalité, lui accorde indulgence et tendresse. Me dit que je me débrouille franchement pas mal à travers ce que je me créé comme « carrière », comme je déteste ce mot (en ai-je jamais réellement voulu une d’ailleurs !? J’aime beaucoup mieux penser en terme de projets et d’écriture), et cette petite rouquine qui prend beaucoup de mon temps et d’espace dans ma vie, ce temps pour moi que je souhaiterais plus présent, un peu plus accessible avec elle à mes côtés. Ces choix -s’agit-il vraiment de choix ? Parlons plutôt de possibilités… ces possibilités donc qu’entraîne la monoparentalité. On dit souvent que lorsqu’un enfant naît dans une famille, c’est le couple qu’on néglige, la première réalité qui prend souvent le bord, une entité qu’on se permet de disperser à tout vent. Les enjeux divergent lorsqu’il n’y a pas de couple à mettre de côté et malheureusement il en va bien souvent autrement des priorités, je l’ai notamment abordé ici. À défaut d’avoir autre chose à tasser, c’est alors le « prendre soin de soi » qui s’évanouit dans le rang des priorités.

Entre deux contrats (passionnants les contrats, je viens d’écrire mon premier guide, bienphoto 1 hâte d’en parler, même si l’écriture créative me manque) je ralentis le rythme, épouse celui qui sied à la réflexion, me pique sur une branche de rosier que je n’arrive pas à tailler correctement (tant pis, je préfère le sauvage au domestique) m’assied tranquillement dans mon jardin qui est touffu et loin d’être entretenu comme celui du voisinage et rêvasse. Fais comme tous mes voisins et les rejoins à l’heure de l’apéro, verre de vin ou mojito à la main, tandis que les enfants se font rois et reines de ruelle.

Les contemplant avec toujours au creux du ventre ce même désir de découvrir, cette même sensation de quête et l’envie de jouer aux super-héros tout comme eux, parfois même à la princesse. Goûter à la vie loin des mots, de l’écran froid. Avec toute l’ambiguïté propre à une vie qui cherche à se définir et se créer « entre-deux-mondes ». Dans toute cette contradiction qui émane entre la quête et l’avidité de rencontres et ce besoin de se poser et de s’ancrer.

J’en parle beaucoup.  Je sais. Sans doute parce que cette dualité est sans contrefait ce qui me caractérise le plus. Et que je cherche tour à tour à faire miroiter ces différentes facettes de ma personnalité.

Mais tout ça se fait lentement.  Trouver l’équilibre. Un rythme qui nous est propre.Laisser mûrir à défaut de précipiter les choses …

Un peu comme quand vous prenez la peine d’écraser longuement au pilon votre menthe fraîche afin d’en faire ressortir les arômes avec le sucre de canne et le jus de lime au fond d’un verre. On y a mis du temps, de l’amour, on verse une larme de rhum et puis, à la dernière minute, on décide de tout gâcher en y versant  une eau gazeuse qui ne l’est plus.

C’est ça, un mojito avorté …

On a juste pas voulu se donner la peine en décapsulant la dite bouteille de ne pas remarquer l’absence de Pschittt…

Un peu comme un « Je t’aime » qu’on a dit trop vite ou au mauvais moment finalement …

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Ainsi donc, pour éviter le goût bien plat des mojitos éventés, on apprend à se faire plus prudente, à ralentir le rythme, à observer et on perd en spontanéité. Triste ou sage, c’est selon. Et difficile lorsqu’on a toujours abordé la vie intensément. S’arrêter ou ralentir le rythme va tellement à l’encontre des attentes que cette société a échafaudé pour nous, qu’on se doit de planifier des « plages », s’inscrire à des cours de yoga, apprendre à apprivoiser l’angoisse à même la sécurité du moment présent et des vertus de la méditation. On observe ? On sur-analyse plutôt. Et se faire bonassement contemplatif devient des occasions rares, sanctifiées.

photo 2-1Chez moi, traînasse depuis un moment L’art presque perdu de ne rien faire de Dany Lafferière. De courts et merveilleux essais que je lis ça et là lorsque le temps s’y prête. Qui donne furieusement envie de renouer avec une ancienne vie à écrire et lire dans les cafés. Saisir le temps et l’arrêter.  Créer des éclipses de vie et disparaître de ces endroits virtuels ou l’on devient constamment accessible et « se doit » d’être disponible. S’éclipser de l’instantanéité prémâchée.

Traînasse aussi cette anthologie que je me suis décidée à reprendre récemment, avec l’envie de vivre par procuration les grands départs, la peur et curiosité au ventre des premières aventurières, tout ça en demeurant immobile.

Je le feuillette et rêvasse lorsque je crée du temps perdu, c’est-à-dire rarement, et découvre des figures de femmes inspirantes : Alexandra David-Néel, Isabelle Eberhardt et Ella Maillart que j’admirais déjà, mais aussi notamment Gertrude Bell qui, à l’instar de Lawrence d’Arabie, aurait dû être renommée Bell de Bagdad.  Pas toujours féministes, mais ayant tracé les jalons d’une route qui se veut libre et leur.

Créer = sortir du cadre.

Et puis, sans m’y attendre, je feuillette entre deux escapades (oui, je trépigne d’excitation de reprendre la route ce week-end!) et je tombe sur cette phrase, presqu’une phrase poignard, toute simple. Qui m’apparaît tellement, mais tellement évidente que je m’étonne de n’y avoir jamais réellement pensé: « Le goût de la littérature conduit au voyage. Et quelque fois même, c’est la littérature qui conduit au départ ».

Tellement juste de par son évidence, qu’elle m’éclate.

Qui, bien des années plus tard, m’apporte son inattendu lot de réponses.

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Escapade de filles dans les Laurentides

Par moment, j’ai le préjugé facile.  Comme tous et chacun j’imagine. Mais je me parle. Et sais m’exposer à la différence. En fait, j’adore ça, me confronter… J’ai parfois donc le préjugé facile, mais consciente que ça se soigne, que c’est aisé à faire bifurquer et que le jugement se fait malheureusement le porte étendard d’un ego qui croit savoir ce qui est « mieux » … Tssiit, tssitt ! À travailler…

Depuis des années, je snobais le Mont-Tremblant, le regardais sans doute un peu trop de haut, lui et ses installations, dont j’étais avant tout inconsciente de la diversité et de la pluralité de l’offre. Le parc National de Tremblant oui, mais le Mont, vraiment ?  Peut-être était-ce une question d’argent. On ne se le cachera pas, un weekend à la station est réputé pour être relativement cher. Ou simplement une question de méconnaissance. Un peu comme ces hôtels cinq étoiles et ces tout-compris que je snobais dans mes jeunes années de backpacker avant d’apprendre à en apprécier les avantages.  Et surtout, avant d’apprendre qu’il y a de tout pour tous et chacun, du touriste à l’aventurier, et que c’est très bien comme ça ! (Voir ma montée de lait sur la snobitude voyageuse). J’étais donc tout de même curieuse quant au Mont et l’occasion d’amalgamer road trip de copines jouant les filles de bois et de lacs en combinant diverses activités s’est présentée.

J’étais épuisé. Littéralement. Le mot fatigue je l’entends un peu trop sortir de ma bouche, le vois chaque matin dans les cernes qui s’allongent, dans cette énergie que je cherche de plus en plus, moi qui la croyais sans fond. Un beau gros projet de recherche et d’écriture, un guide, plusieurs contrats et des voyages à Philadelphie, Washington, Virginie et une nuitée en Outaouais ont occupé mon dernier mois intensément. Alors, j’ai chargé mollement la voiture après trop de courtes nuits ce printemps… Mais au matin, j’ai emballé la petite, me suis installée derrière le volant et puis voilà, j’étais profondément bien. Heureuse. Littéralement. J’avais balancé dans ma zone de confort, derrière le volant de mon jeep.  Là où je pourrais me nourrir infiniment de paysages qui défilent, roulant seule dans le silence durant des jours sans m’ennuyer. Cette fois, en intense, folle et très belle compagnie, avec Marie-Julie et nos filles. Beau duo explosif de filles intenses qui aiment mordre dans la vie.

Tandis que celle dont l’avatar représentatif est Technomade s’efforce à sortir de sa zone de confort et affronter sa peur des ours et son hantise des moustiques, (voir son billet sur Taxi-Brousse; tellement à son honneur!) pour moi revêtir mon vieux bandana, rouler des kilomètres dans ma voiture bordélique, jouer dans la terre et dans le feu, c’est comme y plonger. Cela me ramène illico à ma nature un peu sauvage qui se fout un brin d’avoir les cheveux sales et de prendre des douches froides. Depuis toujours, je suis assez bohème sur la route, dors pas mal partout, dans diverses conditions et les moustiques la plupart du temps m’ignorent (ou j’ai appris à les ignore, je ne sais trop..)

Ainsi donc, une première virée au Mont Tremblant à y essayer tout un éventail d’activités avant de dormir dans les bois. Évidemment, les télécabines panoramiques, pour contempler la vue du haut de la montagne. Mais aussi pour sentir mes mains moites et mes jambes devenir molles en entendant le sifflement qu’émet le roulement de la poulie du nouveau Ziptrek. Un parcours de 5 tyroliennes qui semble offrir des vues époustouflantes sur les Laurentides.  À essayer … une autre fois, quand j’aurais amassé suffisamment de courage, mais peut-être bien cet été ! Le parcours étant offert accompagné d’un guide pour les jeunes dès 7 ans, je devrais sans doute arriver à surmonter ma peur. N’empêche, c’est haut !

(©Tremblant.  Intense hein !?! Ça vous donne envie d’essayer ? )

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Télécabine panoramique, Mont Tremblant

@Marie-Julie Gagnon

@Marie-Julie Gagnon

Pour le moment, me contenter de la luge, une glissade sèche, m’allait à merveille et entendre les grands éclats de rire de ma fille de 4 ans qui me sommait d’aller plus vite a grandement contribué à mon bonheur. J’en aurais fait encore ! L’eurobungy, une version plus douce que le bungee, une activité où l’on saute sur une trampoline et défie la gravité grâce à un harnais et un système d’élastique, nous a valu de grands rires. Destiné avant tout aux enfants,  il est aussi accessible aux grands de 160 livres et moins 😉

Filles dans l'action !

Filles dans l’action !

Eurobungy, Mont Tremblant

Eurobungy, Mont Tremblant

Eurobungy, Mont Tremblant

Eurobungy, Mont Tremblant

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Qui a dit que ce n’était que pour les enfants ?!?

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Délire d’après-Luge ©Marie-Julie Gagnon

Une panoplie d’activités est donc proposée tels qu’un mur d’escalade, un aquaclub au centre La Source avec piscines, corde à Tarzan, jeux d’eaux et bains tourbillons, un mini-golf et une plage. J’ai été agréablement surprise de la variété de l’offre et de l’ambiance du village et de ses restaurants. Nous sommes également aller pique-niquer auprès d’un paisible lac, le Lac Miroir, niché au pied du village et idéal pour s’éloigner de la foule. Certes, une journée ne s’avère pas toujours ce qu’il y a le plus abordable si l’on calcule le prix des activités séparément. N’empêche, Tremblant propose une formule de combinaison sur des carnets d’activités qui me semble une option honnête, et qui est encore plus avantageuse lorsque l’on se procure les carnets à l’avance sur internet.

Première journée qui s’est conclue par une nuitée au tout nouveau Refuges Perchés à Saint-Faustin du Lac-Carré. Ces toutes nouvelles cabanes perchées ou nichées auprès des arbres sont entièrement équipées et conçues pour être utilisables 4 saisons. On y trouve un poêle à bois, tout le nécessaire pour la cuisine, réchaud à gaz, matelas et oreillers. L’emplacement et le lac sont magnifiques et paisibles, pas l’ombre d’un chalet ou de gros bateaux à moteur à l’horizon.

Bon à savoir tout de même : Les Refuges Perchés sont situés dans le Centre touristique et éducatif des Laurentides situé à 50 minutes du Mont-Tremblant (et non à Tremblant en tant que tel) donc à 1h30 de Montréal. Il faut de plus ajouter au coût de votre séjour les frais d’accès du CTEL (17$ par jour pour une famille). Un chariot est émis à votre disposition afin d’apporter vos effets, arrivez donc préparé et léger ! Un sentier étant trop boueux pour se rendre à notre refuge, nos bagages ce sont donc rendus en canoë tandis que nous avons emprunté les sentiers pédestres jusqu’à notre hébergement pour la nuit. Une super belle expérience, qui s’avérerait davantage profitable pour au minimum de deux nuitées quant à moi et pour profiter pleinement des attraits naturels et de la forêt environnante.

Chariot mis à disposition pour emporter nos bagages ©Marie-Julie Gagnon

Notre refuge, Refuges Perchés

Notre refuge, Refuges Perchés

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Ricochets sur le lac Cordon

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Balade dans les sentiers, Refuges Perchés

Lac Cordon, Saint-Faustin-Lac-Carré

Le magnifique lac Cordon, Saint-Faustin-Lac-Carré

Petite escapade le lendemain à l’entrée du Parc National de Tremblant (si vaste ce parc !) où j’étais déjà allée quelques fois seule et avec ma fille camper dans le secteur de la Diable. Nous avons donc essayer les fameuses tentes Huttopia qu’offre la Sépaq dans divers parc nationaux au Québec. J’ai beau adoré jouer à la fille des bois, je ne snoberai jamais plus le prêt-à-camper à l’occasion ! D’abord, on ne se le cachera pas, des roadtrip de camping à travers la belle province ça devient par moment éreintant, surtout quand on change régulièrement d’emplacement. J’en effectue à chaque année seule avec ma fille depuis ses 6 mois et je continue d’adorer ça ! Néanmoins, monter et démonter la tente seule, organiser la logistique de la nourriture, les déplacements, les randos et excursions, fatiguent…. alors je trouve la formule glamping plutôt commode par moment, lorsqu’on à seulement envie d’un feu, de l’odeur de la forêt et d’un bon verre de vin tranquillo !

Tente Huttopia, Lac Chat, secteur la Diable, Parc National Tremblant

Tente Huttopia, Lac Chat, secteur la Diable, Parc National Tremblant

©Sépaq

©Sépaq

Montée sur une plateforme de bois, la tente Huttopia comporte des divisions internes (deux chambres), une cuisinette (avec mini réfrigérateur) et une salle à manger. Entièrement équipée, elle a tout ce qu’il faut pour passer plusieurs nuits en pleine nature. Ne manque que votre sac de couchage et votre nourriture. Formule idéale, notamment pour les touristes en vacances ou encore pour ceux plus frileux qui veulent se tremper dans l’univers du camping en nature sans avoir à s’équiper et en bénéficiant d’un certain confort, la tente Huttopia se retrouve maintenant à travers de 24 parcs nationaux au Québec. J’avais également essayé cette formule l’année dernière au Parc National d’Oka  qui s’était avérée gagnante après une journée à la plage !

Lac Chat

Lac Chat

Roukie, Lac Monroe, Parc National du Mont-Tremblant

Roukie, Lac Monroe, Parc National du Mont-Tremblant

Je campe depuis des années dans divers parcs et pays, dans une tente ou à la belle étoile (et je ne cesse d’adorer ça !), mais plus je vieillis, plus je trouve qu’une expérience de glamping constitue un excellent moyen de rapprocher de la nature quelqu’un désireux de ne pas trop se préparer question matériel ou de rendre une expérience familiale un peu plus aisée. C’est aussi idéal pour les touristes qui veulent s’immerger dans la nature québécoise et vivre un trip de guimauves sans avoir à s’équiper entièrement. De plus, il ne faut pas oublier qu’une journée de camping entièrement sous la pluie peut être assez démoralisant et qu’en cela, la tente Huttopia peut constituer un avantage avec sa salle-à-manger à l’abri de la pluie (et des moustiques ;-))

Observation de la faune tout juste à côté de notre tente Huttopia.

Observation de la faune tout juste à côté de notre tente Huttopia.

Randonnée en kayak 2013, Lac Monroe, Parc National du Mont-Tremblant.

Randonnée en kayak 2013, Lac Monroe, Parc National du Mont-Tremblant.

Finalement, ce qu’il y a de beau dans l’humain, c’est sans aucun doute de voir sa perception et son regard changer, se transformer et s’ouvrir à la différence. D’aller puiser dans l’expérience ce qui le nourrit et d’en garder à l’esprit ce qu’il y a de plus beau. Je reviens de cette petite virée dans les Laurentides avec à l’esprit un beau trip de mamans-filles qui n’ont pas peur de mêler les expériences et d’aller y puiser plaisir et amusement.

Avec à l’esprit, l’écho pétillant de francs éclats de rire de deux fillettes en quête de découverte et d’épanouissement …

Deux ? Peut-être bien quatre finalement …

** Mes propos et impressions sont entièrement miennes et ne sont en rien altérés de par certaines invitations.

** Merci à Marie-Julie Gagnon pour la belle et pétillante énergie et complicité ! On remet ça pronto !? 😉

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Une nuitée au parc Oméga : un tuyau originial pour l’été au Québec !


IMG_4384J’ai eu la chance de vivre le mois dernier une superbe nuitée avec Roukie en plein coeur de la forêt auprès des loups et des ours noirs. D’emblée, quelle fabuleuse expérience, nous sommes revenues l’une et l’autre ravies du Parc Oméga en Outaouais !

La nuitée est une nouvelle offre qui complète réellement bien une journée de visite de ce parc qui gagnerait tellement à être davantage découvert. Le parc Oméga est un parc animalier à Montebello qui met en lumière la faune québécoise dans son environnement. Les animaux sauvages y vivent en liberté et y évoluent au fil des saisons ; on y circule lentement en voiture sur 15 kilomètres de routes au travers des lacs, forêts et vallons pour y croiser boeufs musqués, wapitis, bisons, sangliers, loups, bouquetins des bois et j’en passe !

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On y rencontre une kyrielle d’animaux magnifiques évoluant pour la plupart en liberté, qu’on peut parfois toucher de l’intérieur de la voiture ou à certains endroits autorisés.

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Vraiment, un endroit superbe, aisément accessible de Montréal, environ 1 heure, qui se consacre réellement à la faune québécoise dans son habitat. En famille c’est simplement super, mais j’ai visité également l’endroit il y a quelques années avec un ami français qui ne cessait de s’extasier devant le caractère sauvage du parc et les animaux qu’on pouvait y croiser.

Le parc Oméga dispose donc maintenant de Wi-tentes, tentes prospecteurs et maison sur pilotis. Sis dans une zone réservée près de l’entrée ouest du parc, ces hébergements sont situés tout juste auprès de réserves animalières où une passerelle surplombe la meute des loups gris et des ours noirs.

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Nous avons eu la chance d’essayer une Wi-Tente pour la nuit. Basée sur des modèles traditionnels (tipi sioux, yourte, etc), la Wi-Tente est un hybride constituée de matériaux modernes. Hyper chaleureuse et confortable, celle que nous avons essayé était vraiment joliment aménagée. On y trouve un large puit de lumière à son sommet. Les Wi-Tente disposent d’une alimentation électrique alimentée à l’aide de panneau solaire pour les premières nécessités, autrement dit café et charger ses batteries d’appareil photo.

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Le site où sont situé les hébergements est en retrait du parc si bien qu’il y règne une belle quiétude et que les daims plus curieux s’approchent et viennent nous visiter le matin tandis que la nuit on se réveille au hurlement des loups. Pas de quoi faire peur, bien qu’intimidée au départ, ma fille de 4 ans fut impressionnée, puis riait allègrement en entendant la meute. Un bon moyen de combattre ses peurs et de les apprivoiser pour les enfants et d’en apprendre plus sur les habitudes des animaux. (Non Roukie, faut pas donner de Gummy Bear aux ours ;-))

J’ai trouvé l’expérience absolument extraordinaire et la recommande chaudement, avec ou sans enfant. N’en demeure qu’il est nettement propice à une expérience familiale pour voir de près à la fois les animaux et l’étonnement dans le regard des enfants ravis 😉 Le parc étant ouvert durant les 4 saisons, je me propose également de m’y rendre cet hiver pour y faire de la raquette…

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Pour plus d’informations sur le parc et l’hébergement, c’est par ici.

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